La foire de Beaucroissant, ce miroir des difficultés du monde agricole

La foire de Beaucroissant va rassembler près d'un million de visiteurs de vendredi à dimanche dans le village isérois éponyme. L'occasion pour les acteurs du monde agricole d'interpeller les politiques sur leurs difficultés du quotidien.

Les fidèles l'appellent simplement "la Beaucroissant", avec le respect dû à une aïeule. Un vrai "pèlerinage" pour les anciens qui attendent chaque année la foire du village éponyme en Isère qui fête son huitième centenaire cette année. Rendez-vous incontournable des acteurs du monde agricole, la foire est d'abord le reflet de la vivacité du secteur mais aussi un miroir de ses difficultés.

De vendredi à dimanche 15 septembre, ce petit village de 1.600 âmes, au carrefour entre Lyon, Grenoble et Valence, va accueillir près d'un million de visiteurs. Serge Bouyoud affiche un franc sourire avec ses "60 foires au compteur". Venu à 15 ans comme apprenti, il vient maintenant seconder son fils Olivier qui a repris l'entreprise familiale de vente et réparation de machines agricoles et d'espaces verts. "Des clients deviennent des amis, on prend rendez-vous pour l'année suivante", raconte le retraité.

"Ici, ça vend ! Et souvent au prix de l'acheteur, rigole Alain Empereur, éleveur, transporteur de bêtes et conducteur occasionnel de car. La brebis du fond, avec la tête noire, on m'en a donné 130 euros. A 80 je la laissais. Elle a 3 ans, ne se laisse pas monter, ne fera jamais de bébé". Chez son nouveau propriétaire, "elle tondra la pelouse ou fera un bon couscous".

 

L'occasion d'interpeller les politiques


La foire pluri-centenaire est aussi "la seule occasion de prendre le temps avec les voisins", assure le fringant septuagénaire, ces "jeunes débordés de travail" qui font "coucou du haut de leur tracteur". La jeune génération a bien saisi l'occasion de cette 800e édition pour interpeller politiques et représentants de l'Etat venus nombreux.

"On veut interdire les pesticides à proximité des maisons mais avec le Ceta (traité de libre échange avec le Canada) on va les mettre direct dans l'assiette !", déplore Sébastien Poncet, président des Jeunes agriculteurs de l'Isère.
 
Il aimerait être soutenu dans son travail avec les collectivités pour que la restauration collective "privilégie au moins la provenance « France »". Il présente aussi son projet de fonds régional pour aider les vieux exploitants à louer à des jeunes qui veulent s'installer.

Au stand voisin, un agriculteur défend avec verve "l'intérêt sociétal de la méthanisation", à la fois "revenu complémentaire", "valorisation des déchets" et outil de "l'autonomie énergétique du pays". "Avant, les gens se battaient à la fin de la foire pour récupérer le fumier", se remémore Max Josserand, marchand de bestiaux et figure de la Beaucroissant avec ses 70 foires. "Maintenant, la vache est l'animal à détruire" en raison de son impact sur l'environnement, mais c'est "sa merde qui est mise dans les méthaniseurs".
 
Face aux difficultés, la passion l'emporte encore parfois. Max a vendu une génisse de la race Herens à une bande de copains qui vont l'offrir à un camarade de 18 ans s'installant dans le Vercors. Une zone où sévit le loup. Mais, assure le négociant, "les Herens sont connues pour oser lui faire face".

 
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