Une quinzaine d'Isérois de l'association Campagne Glyphosate Rhône-Loire se sont déplacés ce vendredi matin au palais de Justice de Grenoble pour déposer les plaintes. Leur objectif : demander de la transparence de la part des autorités, et obtenir à terme l'interdiction des pesticides.
Des analyses d'urine pour sauver la planète. Les militants isérois de la campagne nationale "J'ai des pesticides dans mes urines, et toi ?" ont déposé ce matin à 11h au palais de Justice de Grenoble une série de plaintes pour mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteintes à l'environnement.
Leur mouvement, initié en avril 2018, a pour but de vérifier la quantité de glyphosate dans le corps par des analyses d'urine faites en présence d'un huissier de justice. Depuis, plus de 5 000 analyses d'urine ont été réalisées dans toute la France, y compris en Outre-mer. Résultats selon le mouvement : 99% de tests positifs au glyphosate.
Ce matin, ils étaient une quinzaine à représenter 56 plaignants devant le tribunal de la capitale des Alpes. Des analyses, réalisées en mai et juin 2019 pour des habitants de Vienne et de Saint-Marcellin, se sont "toutes révélées positives, avec des taux allant de 0,2 à 3,3 nanogrammes de glyphosate par mL", explique Erwan Le Sehan, coordinateur Isère de l'association.
A noter que la valeur maximale de glyphosate autorisée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail est de 900 nanogrammes par millilitre d'eau.
"Un mensonge global"
Pour lui, ces résultats sont la preuve d'un "mensonge global" : "les groupes disent que ça ne rentre pas dans les sols, que ça ne va pas dans l'air. [...] On veut une transparence claire et nette, qu'on demande à l'Etat, à l'Europe et aux fabricants". Et à terme, l'interdiction des pesticides en tous genres.
A Vienne, les militants ont "pris le mouvement à partir de novembre 2018", explique Colette Meunier, une adhérente locale. "Tous les premiers vendredis du mois, on se réunit devant la mairie pour un petit rassemblement festif", continue-t-elle.
L'occasion pour eux de peser "les conséquences sur la santé, qui sont beaucoup trop importantes. Quand on voit les traitements qui s'envolent sur les pommiers et les vignes autour de Vienne, cumulés avec la pollution des voitures, on se dit que c'est pas bon pour notre santé et qu'il faut vraiment faire quelque chose."
Un combat qui dans la durée
Car l'enjeu est là : sauver l'environnement de la pollution, et assurer la santé des populations. "C'est un combat pour les générations futures, précise Philippe Ramade, lui-aussi militant à Vienne. Il faut arrêter de nous empoisonner nous-même, l'homme se suicide en mettant partout ces produits."
Et il l'assure, ces revendications ne s'inscrivent pas dans une démarche d'agriculture-bashing. "Il faut aider les agriculteurs à soigner leur production autrement, ils sont eux-même en danger", complète Phlippe Ramade.
Il le sait, le combat risque d'être long, et la promesse d'interdiction du glyphosate en France en 2021 ne sera "pas tenable dans toutes les exploitations", déclare le président de la République Emmanuel Macron dans un entretien à la République du Centre. Mais pour Philippe Ramade, s'il faut sacrifier de son temps pour une procédure qui pourrait durer des années... "Eh bien, allons-y !"