Après plus de 10 ans de combat judiciaire, quatre policiers grenoblois seront finalement renvoyés devant la justice correctionnelle. Information communiquée par l'avocat de Maud Caretta, cette étudiante qui avait perdu un oeil en marge d'une manifestation en mai 2007.
Le 16 mai 2007, en marge d'une manifestation contre l'élection de Nicolas Sarkozy, Maud Caretta, étudiante en médecine âgée de 23 ans, est blessée au visage par un projectile, alors qu'elle traverse la place Grenette, en plein centre de Grenoble.Le projectile, c'est un éclat de grenade de désencerclement, lancée par un policier grenoblois. Maud Caretta perd son oeil gauche et l'odorat.
Les policiers tentaient de maîtriser des casseurs qui avaient rejoint cette manifestation non-autorisée. Maud Caretta a toujours nié avoir participé à l'évènement.
En décembre 2008, trois de ces policiers étaient mis en examen pour "coups et blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de trois mois par manquement délibéré d'une obligation de sécurité ou de prudence". L'avocat de Maud Caretta, Hervé Gerbi, déclarait déjà à l'époque : "les circonstances, à l'instant précis où la grenade fut jetée, ne justifiait nullement l'emploi de la force".
A la fin de l'instruction en 2013, seul le commissaire responsable de l'unité soupçonnée d'avoir lancé la fameuse grenade était renvoyé devant le Tribunal Correctionnel.
En septembre 2017, au terme de nombreuses péripéties judiciaires, la Cour de Cassation renvoyait l'affaire devant la Chambre d'Instruction.
Et ce 29 décembre 2017, selon l'avocat de Maud Caretta, la Chambre d'Instruction de la Cour d'Appel de Lyon a enfin tranché, après plus de 10 ans de combat judiciaire.
Au total quatre policiers grenoblois seraient finalement renvoyés devant la justice correctionnelle pour coups et blessures involontaires. La Cour d'Appel de Lyon n'a pas voulu confirmer cette information qui n'a pas été rendue publiquement.
Equipe : Anne Hédiard et Cédric Picaud
« Pour Maud Caretta, aujourd’hui psychiatre, qui a donc réussi ses études en dépit de ce traumatisme et d’une douzaine d’opérations, cette décision est un soulagement immense. Nous allons enfin peut-être savoir ce qu’il s’est passé », explique Maître Gerbi.