À Grenoble, un parrainage républicain entre migrants et familles d'accueil : "une épaule sur laquelle je peux m’appuyer"

À l'occasion de la Journée internationale des migrants samedi 18 décembre, une cinquantaine de jeunes réfugiés ont officialisé leur union avec leurs parrains et marraines grenoblois au cours d’une cérémonie à l’hôtel de ville de Grenoble. Reportage.

«Ce parrainage, c’est une concrétisation de ma volonté de m’intégrer en France et à Grenoble, la ville qui m’a accueillie !». Comme une cinquantaine d’autres jeunes migrants, Denise, jeune ivoirienne arrivée en France il y a quatre ans, a officialisé avec sa marraine Françoise son contrat de parrainage devant des élus grenoblois samedi 18 décembre à l'hôtel de ville.

Grenoble fait partie de l’Anvita, l’Association nationale des villes et territoires accueillants. Derrière les masques, les paires d’yeux pétillent. Les uns après les autres, parrains et filleuls s’avancent pour signer le certificat de parrainage républicain et sceller au-delà de l’acte symbolique, une relation de confiance et de partage. À l’origine de ce parrainage, l’Apardap, qui favorise l’accueil des étrangers migrants par le parrainage, l’insertion et l’hébergement. Elle participe aussi à Parrainage jeunes étrangers isolés, un collectif inter-associatif grenoblois réunissant 3aMIE, le Secours Catholique, la Cimade, Horizon Parrainage 38 ou encore Médecins du Monde.

Ensemble, ces bénévoles œuvrent auprès de jeunes migrants dans l’agglomération grenobloise. Le parrainage a pour vocation de rompre la solitude de ces jeunes la plupart isolés, de les accompagner dans leurs démarches administratives, liées au logement, aux études mais aussi de partager des activités culturelles et de loisirs.   Originaire de Guinée, Lancinet a rencontré sa marraine en décembre 2020 par le biais de l’association 3aMIE, qui scolarise des mineurs et jeunes majeurs. Le jeune homme y suit un CAP en maintenance de bâtiments de collectivités.

"J’ai rencontré ses parents, ses enfants, mangé de la raclette et discuté"

Lorsque Jérôme le coordinateur du parrainage lui a présenté Carole, le courant est tout de suite passé. « Carole fait de la musique, elle chante dans un groupe de reggae. Moi, je chante aussi et je joue du djembé ! On a fait connaissance, Carole m’a invité à passer la nuit du réveillon avec sa famille. J’ai rencontré ses parents, ses enfants, mangé de la raclette et discuté, je leur ai raconté mon parcours, ils m’ont présenté toute la famille. J’ai été tout de suite adopté. Depuis, elle me soutient moralement, me guide dans les démarches administratives, elle m’aide aussi pour des petits besoins matériels, me fait de l’aide au français. Cet été, je suis parti avec sa famille en montagne. C’est un peu comme une maman qui te soutient, te guide. Et ce que font ces parrains et marraines pour nous, cela n’a pas de prix !». 

La force de ces binômes, c’est l’apport mutuel de chacun : les parrains s’engagent mais les filleuls apportent aussi beaucoup de leur côté. Cette réalité est primordiale pour Carole. « J’ai souhaité parrainer Lancinet pour contribuer en tant que citoyenne à ma modeste échelle à aller vers plus d’accueil et d’humanité. Ayant vécu en Afrique, cela me touche aussi de voir le sort de ces jeunes en France. Lancinet est une nouvelle personne dans ma grande famille de cœur. Il a l’âge de mon fils et comme j’aime être maman et me sentir utile aux autres, je suis très heureuse d’être sa marraine et d’avoir créé ce lien ! ».

Une relation qui se construit peu à peu

Lancinet, qui rêve de devenir éducateur sportif, s’accroche et espère obtenir un titre de séjour. Dans quelques jours, il partagera son second Noël en France dans la famille de sa marraine. « Etre parrain, ce n’est pas un acte héroïque, c’est juste normal ! ». Conseiller d’éducation populaire et de jeunesse, Tanguy, 32 ans, est le parrain de Mohamed, un adolescent congolais arrivé à Grenoble au printemps dernier. « On se connaît depuis septembre, on apprend à tisser une relation de confiance. Je suis là pour l’aider dans ses démarches ou tout simplement pour boire un café, aller au ciné ou faire une partie de luge en montagne comme le week-end dernier. Notre relation se construit peu à peu et ce qui est sûr, c’est que ma porte est toujours ouverte ! ».

Cette relation, son filleul, actuellement en Bac pro logistique au lycée André Argouges à Grenoble, la vit comme un cadeau. « Tanguy, c’est un grand frère, une épaule sur laquelle je peux m’appuyer. Il est toujours là, bienveillant. Quand je pense à des choses difficiles, que le moral baisse, je pense à lui. Psychologiquement, ça m’aide beaucoup. » 

À la fin de la cérémonie, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, Denise et sa marraine Françoise posent sous les drapeaux tricolores. La jeune femme, bénévole à Cuisine sans frontières et à l’Apardap, cherche un emploi dans la restauration, seul sésame pour décrocher un titre de séjour. « Je me bats depuis quatre ans, j’ai obtenu un CAP d’agent polyvalent de restauration, je fais tout pour m’intégrer. Heureusement que Françoise est là à mes côtés. Elle est plus qu’une marraine, une maman à l’écoute, toujours là quand j’ai besoin d’elle ! ». Toutes deux savent que ce parrainage républicain n’engage pas l’Etat et reste symbolique. « C’est vrai, mais cela reste un symbole fort, des élus sont présents. Une mairie c’est un morceau de la République qui dit à tous ces jeunes : vous êtes les bienvenus, vous êtes accueillis parmi nous ! ». 

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