Le maire de Grenoble Eric Piolle vient d'adresser un courrier à la ministre Marlène Schiappa qui l'invitait à joindre les actes à la parole sur l'accueil des réfugiés afghans. Il estime que la teneur de ses propos est "propre à faire naître une polémique (…) tout à fait déplacée".
Il avait été invité par Marlène Schiappa à "préparer et conclure un engagement" en faveur de l'accueil des réfugiés afghans. Le maire de Grenoble et candidat à la primaire écologiste Eric Piolle a répondu à la ministre chargée de la Citoyenneté le 2 septembre. Cette dernière lui avait écrit une première lettre fin août au sujet de sa promesse d'accueillir les Afghans fuyant le régime taliban.
"La Ville de Grenoble se mobilise pour permettre l’accueil des réfugié-es, en cohérence avec ses valeurs et le droit", avait annoncé la municipalité dans un communiqué le 17 août. Dix jours plus tard, la ministre lui adressait un courrier révélé par le Journal du Dimanche dans lequel elle le remercie pour son engagement, constatant toutefois que cette "offre de services pour accueillir ces réfugiés afghans n'a pas encore été suivie d'effets." Marlène Schiappa invitait Eric Piolle à "ne pas repousser ces promesses en raison de l'urgence de la situation", ainsi qu'à "préparer et conclure un engagement" avec le préfet.
Polémique "déplacée"
Dans un courrier communiqué à la presse, le maire de Grenoble répond à la ministre, lui faisant part de sa "stupéfaction à la lecture" de sa lettre. "Je déplore vivement la teneur de votre courrier, propre à faire naître une polémique qui m'apparaît tout à fait déplacée au regard du moment que nous traversons", écrit-il, affirmant que la ville a déjà pris attache avec la préfecture de l'Isère pour "coordonner (cette) action en bonne intelligence". L'édile affirme par ailleurs avoir "identifié plusieurs bâtiments municipaux grenoblois susceptibles de pouvoir héberger temporairement ces personnes".
Et de rappeler que les réfugiés arrivant d'Afghanistan sont soumis à un isolement de 10 jours à leur arrivée sur le territoire français en raison de la crise sanitaire, suivi "d'une nouvelle période d'une dizaine de jours dédiée aux formalités administratives". "Dès lors, votre velléité à pointer un hypothétique manquement des collectivités apparaît en parfaite déconnexion avec les réalités du terrain", conclut Eric Piolle, rappelant que "c'est bien à l'Etat (...) qu'il revient d'organiser et de coordonner l'ensemble des étapes pour que l'accueil soit réussi."
Marlène Schiappa avait adressé le même courrier à une vingtaine d'élus qui avaient promis d'accueillir des réfugiés afghans. Les maires de Villeurbanne et Clermont-Ferrand lui avaient déjà répondu, pointant notamment la "méconnaissance par la ministre de l’action de ses services".