Dans le Figaro ce samedi 8 mai, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, appelle à sanctionner les étudiants impliqués, après la publication d'un rapport suite à l'affaire des deux enseignants accusés d'islamophobie à l'IEP de Grenoble en mars dernier.
Les étudiants qui ont publiquement diffamé des professeurs de l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble "devront être sanctionnés", estime la ministre de l’Enseignement supérieur, à l’appui des conclusions d’un rapport qu’elle avait commandé sur l’affaire.
Début mars, des étudiants avaient placardé à l’entrée de l’institut des affichettes accusant nommément deux professeurs d’"islamophobie", relayées ensuite sur les réseaux sociaux par des syndicats étudiants, dont l’Unef (classé à gauche).
L’affaire a déclenché l’ouverture par le parquet d’une enquête pour "injure publique" notamment. Le gouvernement a dénoncé la «mise en danger» des enseignements par ces étudiants, en ciblant notamment l’Unef.
Le Figaro publie les conclusions du rapport commandé par la ministre à l’inspection de l’Éducation nationale sur cette affaire. Le document pointe, selon le journal," une accumulation de maladresses, d’erreurs d’appréciation, de réactions à contretemps et de fautes de divers acteurs".
A l’origine des accusations d’islamophobie, on trouve notamment un échange de mails véhéments sur cette notion, en novembre et décembre 2020, entre un professeur d’allemand, dont le nom a été mentionné sur les affiches, et une historienne.
Dans son rapport, cité par le Figaro, l’inspection épingle les "maladresses blâmables" et le "manque de professionnalisme déconcertant" des deux professeurs qui ont laissé des étudiants en copie de leurs mails.
Elle dénonce l’attitude des étudiants et leur "manque d’intérêt marqué» pour le respect de la vie privée ou la présomption d’innocence, qui a conduit aux affichages, "une attitude surprenante" pour des jeunes "déjà bien avancés dans un cursus de sciences politiques".
"Il nous faut réfléchir à une éducation aux règles minimales du droit sur les réseaux sociaux, peut-être pour tous les étudiants", estime en réaction la ministre.
Le rapport regrette par ailleurs des réactions insuffisantes ou tardives de la direction de l’établissement, selon le journal.
"La gouvernance de l’IEP va être renforcée", souligne Mme Vidal, en réaffirmant "toute (sa) confiance" à la directrice de l’IEP, Sabine Saurugger. Cette dernière avait "condamné très clairement" les affiches dénonçant les deux enseignants, tout en notant que l’un d’eux avait tenu des propos "extrêmement problématiques" sur l’islam.