Les témoignages de femmes victimes d'agressions sexistes et sexuelles dans les établissements de nuit grenoblois se multiplient sur les réseaux sociaux. Face à l'ampleur du mouvement, Eric Piolle veut mettre en place des mesures et en appelle à l'Etat.
Des jeunes femmes droguées à leur insu, victimes d'agressions sexistes et sexuelles dans des établissements de nuit. Les témoignages se multiplient depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux au travers du hashtag #BalanceTonBar. Lancé à Bruxelles, ce mouvement essaime en France et notamment à Grenoble. Un compte Instagram a été ouvert pour relayer anonymement les témoignages de ces femmes.
Dans le flot de témoignages, une femme raconte avoir été droguée en boite de nuit avec deux amies. "On a commencé à avoir très froid, à toutes perdre connaissance, certaines se sont mises à vomir, on ne sentait plus nos membres. On était par terre devant la boîte et personne n'a rien fait", écrit-elle dans cette prise de parole anonyme. Le nom de l'établissement où se sont produits les faits apparaît dans chaque publication, provoquant de vives réactions dans le milieu des établissements de nuit grenoblois.
"Climat d'insécurité"
"Nous répliquons aux publications postées par Balance ton bar Grenoble afin de leurs signaler que poster de fausses accusations n’est pas une solution afin de stopper les violences. Des équipes spécialisées compétentes existent tel que les forces de l’ordre par exemple afin de prendre en charge ces situations", répond sur Instagram une discothèque incriminée, estimant que ces publications instaurent "un climat d’insécurité".
La jeune femme qui administre le compte Instagram Balance ton bar Grenoble dément formellement ces accusations. "Le climat d'insécurité existe. Ces gens savent que les femmes vivent dans un climat d'insécurité. Je trouve terrible de mettre en doute ces témoignages", estime cette Grenobloise qui souhaite garder l'anonymat.
Elle a lancé cette initiative à l'échelle locale en voyant que les témoignages se multipliaient en France. "L'objectif, c'est que le mouvement prenne de l'ampleur, que les politiques réagissent pour débloquer des fonds (…) Il faut former le personnel des établissements de nuit, les soignants, les forces de l'ordre pour qu'ils sachent comment réagir dans ces situations", ajoute la jeune femme qui a elle-même travaillé dans le monde de la nuit.
Des mesures en discussion
La ville de Grenoble annonce justement vouloir réagir aux dizaines de témoignages publiés sur les réseaux sociaux. Elle veut lancer, début 2022, les Assises de la nuit "afin de permettre à chacun-e de profiter de la ville en toute tranquillité". Il s'agirait d'une concertation entre les établissements, associations et usagers pour mettre en place des mesures adaptées.
Eric Piolle a également adressé un courrier à Emmanuel Macron pour l'alerter sur "l'ampleur du phénomène" des violences sexistes et sexuelles dont les femmes sont victimes, constatant "l'impuissance de la puissance publique à prévenir les drames". Le maire de Grenoble demande au chef de l'Etat la mise en place d'un certain nombre de mesures dont la désignation d'une personne référente par établissement "spécialement formée pour accompagner les victimes en cas d'agression" ou la mise en place d'une "safe place" permettant à la victime de se mettre à l'abri en attendant les secours.