En France près de 100 000 chiens et chats sont abandonnés chaque année, avec un pic durant la période estivale. La SPA du Dauphiné, qui constate 30% d’abandons en plus que les étés précédents, dénonce les conséquences de la pandémie. Saturé, le refuge ne peut plus accueillir un seul animal.
Lâchés sur une aire d’autoroute, déposés dans un caniveau ou simplement confiés à un refuge : les animaux victimes d’abandons sont de plus en plus nombreux cet été.
Entre le 1er mai et le 23 juillet, 11 335 animaux abandonnés ont été recueillis par la SPA sur l'ensemble du territoire, soit plus de 7% de plus qu'en 2019 sur la même période.
Gérard Lassiaz, président de la SPA du Dauphiné, partage le même constat. "Actuellement, nous subissons un énorme pic d’abandons aussi bien pour les chiens que pour les chats. L’augmentation est de 30% par rapport aux pics classiques de l’été".
Conséquences : le refuge est saturé, et ne peut accueillir aucun nouvel animal en détresse. "On doit différer des abandons et dire aux fourrières de garder les animaux pendant plusieurs semaines, se désole-t-il. Et en plein mois d’août, impossible de trouver des familles d’accueil pour nous dépanner".
Toutes les places sont occupées
En temps normal, le refuge situé près d’Uriage, en Isère, est dimensionné pour accueillir environ 40 chiens et 40 chats. "Aujourd’hui, on héberge 55 chiens et 56 chats !" ajoute Gérard Lassiaz.
Cette surpopulation a des conséquences directes sur les équipes, qui sont débordées, mais aussi sur les animaux. Plus stressés, ils sont aussi plus fragiles. "On a eu une épidémie de coryza chez les chats, ils sont trop nombreux" souffle le président du refuge, qui fait référence à une maladie infectieuse qui peut être mortelle pour le chat.
Ces boules de poils sont particulièrement touchées par les abandons. Depuis le mois de mai 2021, les félins représentent 68% des animaux recueillis par la SPA à l’échelle nationale.
Les conséquences de la pandémie
Selon Gérard Lassiaz, ce pic historique s’explique par différents facteurs. Il y a bien sûr les pics d’abandons classiques que connaissent tous les refuges en été. Mais la crise sanitaire a empiré la situation : "La deuxième raison, c’est que beaucoup de gens ont perdu leur emploi, notamment des saisonniers de la région qui ne peuvent plus s’occuper de leurs animaux. Je me rappelle de cette jeune fille, saisonnière à Chamrousse, qui a dû se séparer de ses deux chiens. Elle n’arrivait plus à subvenir à ses besoins et a dû retourner vivre chez ses parents en ville" raconte le président de l'association.
Et troisièmement, "beaucoup de gens sont restés près de chez eux l’année dernière mais cette année, ils veulent rattraper les vacances qu’ils n’ont pas eues et ils partent plus longtemps et plus loin". D’où la hausse des abandons en refuges ou sur les aires d’autoroutes.
L'animal-objet
A l’échelle nationale, la SPA parle même d’un phénomène "d’achat compulsif d’animal-objet" pendant les confinements, qui deviendrait bien encombrant au début de la saison estivale. "Durant le confinement, des animaux ont été achetés sur les sites de petites annonces en ligne, les réseaux sociaux, ou encore en animaleries… En effet, les français étaient alors plus « disponibles » pour s’occuper de nouveaux compagnons… Mais désormais… C’est à retardement que les animaux de compagnie deviennent les victimes collatérales de la crise sanitaire", peut-on lire sur le site de l'association.
Pour dissuader les familles de se séparer de leur animal, la SPA diffuse un spot publicitaire cet été sur les réseaux sociaux et dans les médias. Il faut dire que la France est championne d’Europe de l’abandon des animaux, avec 100 000 abandons par an.
Pour lutter contre le fléau de l’abandon, le gouvernement a mis en place un plan en 2020. Il prévoit notamment le durcissement des sanctions en cas d’abandon, un délit aujourd’hui passible de 2 ans de prison et de 30 000 euros d’amende.