Sa fermeture n’avait pas manqué d’étonner les Grenoblois et les touristes très nombreux à visiter le site de la Bastille. Le restaurant du téléphérique a dû fermer 3 mois et demi après d’importants travaux et le procès aux Prud’hommes de ses salariés.
D’ordinaire, le restaurant du Téléphérique de Grenoble ferme début janvier pour trois semaines, pendant l’entretien des Bulles. Mais cette année, il n’a pas rouvert, au grand étonnement du public qui monte visiter le Fort de la Bastille, prend les Bulles pour admirer l’un des plus panoramas de la région, ou s’arrête après un jogging.
Ce site est le plus visité du département, près de 600.000 personnes chaque année. Le restaurant qui le surplombe offre un paysage magnifique, la capitale des Alpes entourée de ses montagnes.
En réalité, depuis plus d’un mois, le lieu fait l’objet d’importants travaux. Électricité, baies vitrées, cuisine, décoration, tout ou presque va être refait.
C’est la régie municipale qui a à sa charge les travaux de remise aux normes. L’embellissement, ce sont les nouveaux exploitants qui le financent. Une décision qui ne s’est pas faite sans heurts, et qui a laissé huit salariés sans salaire durant plusieurs mois…
Fin 2018 lorsque la convention d’exploitation touche à sa fin, la Régie porte son choix sur un trio d’entrepreneurs déjà investis dans le domaine de la restauration. L’ancien gérant doit plier bagages.
Sauf que début janvier, les nouveaux exploitants vont découvrir un établissement en mauvais état. Ils décident de ne pas signer la convention avec la Ville de Grenoble. La Régie accepte de financer les travaux, mais refuse de payer les huit salariés, qui ont été repris par les nouveaux gérants (obligation dictée par la loi).
Durant plusieurs mois les salariés ne seront pas payés. Ils vont finalement attaquer aux Prud’hommes leur ancien patron, les nouveaux, ainsi que la Régie, pour non-paiement de leurs salaires.
Le jugement a été mis en délibéré au 15 mai 2019, mais ils ont déjà reçu une partie de leur argent. La plupart ont repris le travail quelques jours avant la réouverture du restaurant. Mais ces dernières semaines ont été difficiles pour eux.
D’après Pierre Mériaux, le président de la Régie du Téléférique, la faute incombe essentiellement à l’ancien patron, Dominique Dautun. Il affirme que ce dernier aurait « relâché ses efforts durant la dernière année, peut-être parce qu’il pressentait qu’il ne serait pas repris ».
Les photos montrées par l’un des nouveaux exploitants, le traiteur Christophe Durand, parlent d’elles-mêmes : piano et éléments de cuisine défectueux et crasseux, graisse dans les hottes aspirantes, c’est surtout l’hygiène qui est reprochée à l’ancien patron.
À 60 kilomètres de Grenoble, Dominique Dautun a refait sa vie à Vaujany, où il tient un commerce. Celui qui a dirigé le restaurant de la Bastille durant huit années se défend. Il affirme que l’hygiène a donné un avis positif l’été dernier, qu’il a investi 300.000 euros en travaux…
Amer, il pointe la situation précaire de « ses salariés », dénonce le fait que la Régie finance les travaux et fasse cadeau de plusieurs mois de loyer aux nouveaux gérants.
Il affirme aussi que la Ville avait un droit de visite, ce que Pierre Mériaux récuse totalement. Quant aux nouveaux patrons, ils annoncent une réouverture du restaurant le 11 mai 2019.
Le concept, un « bistronomique » avec une cuisine de qualité inspirée de la montagne, des prix abordables, deux services 7 jours sur 7, et des horaires calqués sur ceux des Bulles.
Près de 150 personnes déjeunent ou dînent dans le restaurant du Téléphérique, au plus fort de sa fréquentation.
Reportage de Céline Aubert-Egret, Eloïsa Patricio, Paul Bessac et Clémentine Fayolle