Attaque d'un fourgon blindé à Grenoble : "La peur, ce n'est pas dans nos gènes", estime un représentant des convoyeurs de fonds

Le fourgon blindé, victime d'une tentative de braquage ce jeudi 10 octobre, transportait 7 millions d'euros. Les trois convoyeurs de fonds présents dans le véhicule sont parvenus à s'enfuir et à se mettre en sécurité. Une attaque d'une rare violence à laquelle les agents sont entraînés à faire face.

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Au lendemain de l'attaque d'un fourgon blindé en plein centre-ville de Grenoble, la capitale des Alpes reste sous le choc. Témoins, habitants, commerçants, tous n'en reviennent pas d'avoir assisté à une telle scène de guerre sur l'un des axes les plus fréquentés de la métropole.

Si l'enquête se poursuit pour tenter de mettre la main sur les auteurs de cette tentative de braquage, les convoyeurs de fonds de la société Loomis ont, eux, pu regagner leur domicile. Après être parvenus à fuir l'attaque à l'arme longue des malfaiteurs et à protéger les 7 millions d'euros qu'ils transportaient, ils s'étaient réfugiés à la gendarmerie de Seyssinet-Pariset. Un valeureux parcours salué par Stéphane Nicolas, convoyeur de fonds chez Loomis et syndicaliste Force Ouvrière division Sud.

France 3 Alpes : Comment vont les trois agents présents dans le fourgon blindé ce jeudi 10 octobre ?

Stéphane Nicolas, convoyeur de fonds chez Loomis et syndicaliste Force Ouvrière division Sud : "Déjà, je tiens à les féliciter pour ce qu'ils ont fait. Beaucoup de courage, de sang-froid et de professionnalisme. Ils vont bien. Je pense qu'il y a quand même un contre-coup. Il va falloir que l'on prenne le temps. L'entreprise a mis en place une cellule de crise. Un psychologue va les contacter pour essayer de calmer les choses, de les remettre un peu dans le bain. Mais ils vont bien. Ils sont conscients de ce qui s'est passé. J'espère que psychologiquement, ils vont s'en sortir, car cela va être difficile pour eux.

Quelles sont les procédures à respecter pour un convoyeur de fonds en cas d'attaque ?

Notre rôle, c'est de protéger les fonds puis les personnes. Ils ont très bien réagi après avoir subi cette attaque relativement assez violente. Ils ont réagi comme on nous l'apprend en formation afin de s'extirper de ce genre de situation. Et cela a fonctionné, c'est l'essentiel. [...] On doit riposter, c'est notre métier. Toute attaque faite sur un fourgon blindé que ce soit sur la personne ou sur le fourgon, notre rôle, c'est de riposter et de nous enfuir. Le but du jeu est que les convoyeurs restent sains et saufs. C'est notre priorité. Ensuite, le butin, les fonds, on est là pour les protéger aussi, c'est notre rôle.

On est tellement formé. On fait beaucoup de séances de tirs. On nous met dans des situations. Automatiquement, ça nous revient vite et on sait quoi faire. On est relativement protégé dans le fourgon, donc ça nous rassure. Et on en vient tout de suite à sauver notre peau.

Est-ce qu'à Grenoble, il y avait un climat d'insécurité qui régnait dans la profession ?

Cela reste surprenant car cela faisait 24 ans que ça n'avait pas eu lieu. En 2000, il y avait déjà eu un mort à la suite d'un braquage de fourgon blindé. Depuis, il n'y avait rien eu, car aujourd'hui, on a du matériel adéquat notamment des fourgons davantage blindés.

On a aussi des valises sécurisées qui nous permettent de protéger les fonds et les convoyeurs. Cela fait bien longtemps qu'il n'y avait pas eu cela. Après, le risque zéro n'existe pas. On s'y attendait peut-être un peu au vu de la conjoncture actuelle sur Grenoble notamment avec les narcotrafiquants. On s'est dit que cela pouvait arriver. Mais on ne s'attendait pas que cela allait être aussi vite.

Qu'est-ce qui a changé depuis la dernière attaque en 2000 ?

La violence n'est plus la même. Dans les années 90-2000, on avait affaire au grand banditisme. Il y avait des petits larcins, des petits voyous. Mais aujourd'hui, on appelle Grenoble, le Chicago de France, ce n'est pas pour rien. La violence est de tout âge. Cela part de 14 ans maintenant jusqu'à 30, voire 40 ans. C'est très violent. [...] Dans notre métier, on n'est pas à l'abri d'un coup de couteau, d'une batte de baseball, ou d'une personne qui a une arme à feu et qui nous tire dessus, pour nous voler ne serait-ce que 10 euros. Ce n'est plus possible.

Estimez-vous avoir les moyens suffisants pour vous défendre ?

On ne peut pas avoir plus. Aujourd'hui, on a tout ce qu'il faut pour nous défendre. Le camion nous protége déjà énormément. Et sur les phases piétonnes, on a ce qu'il faut. On est là pour la riposte. Si cela doit arriver un jour, on fera le nécessaire pour sauver nos vies. [...] Quand on monte dans un fourgon blindé, à partir du moment où l'on a mis notre gilet pare-balles et notre arme à la ceinture, on est en position de cheminement, de travail. On reste concentré. On sait pertinemment qu'à un moment donné cela peut arriver. On est sur le qui-vive continuellement. [...] La peur, ce n'est pas dans nos gènes."

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