"Au bout d'un an, où est le projet de vie ?" : en Isère, les restaurateurs démotivés après plusieurs mois de fermeture

Cafetiers et restaurateurs ont connu une année en dents de scie à cause de la succession des restrictions sanitaires en pleine pandémie de Covid-19. Un an après le premier confinement, les professionnels se disent démotivés et de nombreux salariés en détresse psychologique.

C'était il y a un an. Restaurants, cafés et discothèques baissaient le rideau au premier jour du confinement, décrété en raison d'une flambée des cas de coronavirus. "On apprend un samedi soir à 20 heures qu'on doit fermer à minuit. C'est le grand cataclysme", se souvient Jacqueline Amirante, co-gérante d'un restaurant "La Ferme à Dédé" à Grenoble.

Certains établissements n'ont pas rouvert depuis cette date, d'autres seulement quelques mois. Les restaurants, eux, essayent de maintenir leur activité comme ils le peuvent avec la vente à emporter. Mais dans les rangs, la démotivation se fait sentir. "Nos collaborateurs sont en attente, nos clients aussi. C'est très dur", résume Danièle Chavant, présidente de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de l'Isère (Umih 38).

Après une longue période de fermeture, rouvrir était une nécessité pour Jacqueline Amirante. D'abord pour des raisons financières, mais aussi pour permettre aux employés de travailler. "Le personnel nous a demandé de rouvrir parce que ça déprimait à la maison, explique-t-elle. Tout le monde travaille à tour de rôle, un petit temps chacun, histoire d'avoir une petite vie sociale quand même avec les autres."

 

L'impact psychologique

Selon un sondage réalisé par l'Umih 38 auprès de ses 650 adhérents fin février, 40% des sondés estiment que l'un de leurs salariés est en détresse psychologique. Et 42% des salariés envisagent de se tourner vers un autre métier. Léo Giouacchini, cuisinier dans un restaurant, a pu reprendre un semblant d'activité, sans balayer totalement ses inquiétudes. "Est-ce qu'on va garder notre boulot ? On a toujours ces questions à l'esprit. On ne peut pas faire autrement, on attend que ça se passe", assure-t-il.

Le sondage fait aussi ressortir la perte de motivation des professionnels interrogés, et leurs inquiétudes prégnantes pour l'avenir. "Nos maisons sont souvent un projet de vie, de couple, de famille. Au bout d'un an, il est où le projet de vie ? On a des situations où toute la famille est concernée, et qu'est-ce qu'ils doivent faire un an après ?", questionne encore Danièle Chavant.

La possibilité d'un "pass sanitaire" a été évoquée par Emmanuel Macron pour envisager une réouverture des bars, cafés et restaurants. Il s'agirait de réserver l'entrée de ces commerces aux personnes immunisées, pouvant présenter un test PCR négatif, une attestation de non-symptômes ou un certificat de vaccination. Mais cette perspective laisse perplexe la présidente de l'Umih 38. "Comment voulez-vous que je demande son passeport à un client ? Je ne suis pas douanier, tranche-t-elle. Mais comme on nous a demandé de nous réinventer, peut-être que nous allons aussi apprendre cela..."

Pass sanitaire ou pas, les professionnels du secteur n'entrevoient toujours pas le bout du tunnel. Le gouvernement reste évasif sur la réouverture de ces commerces, n'annonçant aucune date précise pour le moment. Le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne a simplement évoqué la possibilité d'utiliser l'application "Tous anti-Covid" comme condition d'accès aux restaurants. Un système qui remplacerait le cahier utilisé par les restaurateurs lors des premiers déconfinements pour enregistrer les clients. Le gouvernement doit consulter les professionnels du tourisme cette semaine pour "travailler aux conditions de reprise".

 

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