La mairie de Grenoble a pointé, sur les réseaux sociaux, les nombreux déchets laissés à côté des poubelles municipales, notamment le week-end. Les horaires de ramassage des ordures vont être étendus. Force Ouvrière, de son côté, dénonce le manque de moyens humains et matériels.
Tout est parti d'un tweet de Gilles Namur, deuxième adjoint à la mairie de Grenoble, dimanche 7 mars. "Avec le retour des beaux jours, et la multiplication des ventes à emporter liées à la crise sanitaire, les corbeilles de nos parcs et jardins et du centre-ville débordent. Ces derniers samedis, 600 kg de déchets ont été ramassés par la Propreté Urbaine au lieu des 300 kg habituels." A Paris, Rennes et d'autres villes, il l'a vu sur les réseaux sociaux. Le même phénomène s'est, logiquement, transposé à Grenoble depuis fin février : le mercure affichait 14°C le dimanche 28 février ou encore 13°C le samedi 6 mars.
Gilles Namur a interrogé ses équipes de la propreté urbaine, en charge des déchets et poubelles hors particuliers, pour savoir si le constat était similaire à Grenoble. C'était le cas : "On s'est dit que ça allait se prolonger et qu'il fallait réagir et anticiper." Un groupe de travail a été créé pour mettre en place une politique à ce niveau. Outre Gilles Namur, figurent l'adjoint au commerce et à l'économie locale, Maxence Alloto, la conseillère de la Métropole Grenoble-Alpes déléguée au commerce et à l'artisanat, Barbara Schuman et des membres des équipes de service de la commune.
Une décision a été prise à court terme : le rallongement des horaires de service des équipes de propreté urbaine le week-end, présentes de 8 heures à 20 heures pour procéder au ramassage des déchets. Mais sans augmenter les effectifs.
Comme dans tant d’autres villes, les incivilités se multiplient avec des dépôts de déchets au pied des corbeilles voir même carrément abandonnés sur l’espace public. Pour faire suite aux dysfonctionnements constatés, nous avons étendu les horaires d’interventions des équipes. pic.twitter.com/DMwwNqy7Sj
— Gilles Namur?? (@GillesNamur) March 7, 2021
Selon lui, les poubelles municipales ne peuvent remplacer celle des enseignes, malgré la vente à emporter. "Les corbeilles de la ville ne sont pas adaptées à compenser les poubelles des restaurants, notamment de fast-food." Il précise que la Ville a passé un accord avec McDonald's pour qu'un employé de l'enseigne nettoie autour. "On veut l'étendre avec les autres magasins."
"Un coup de com" pour Force ouvrière
Chérif Boutafa est loin de partager les positions de Gilles Namur. Le secrétaire général Force Ouvrière de la Ville de Grenoble dénonce "un coup de com'" de la part de la commune.
Après ce qu'il qualifie "d'incivilités", Gilles Namur veut jouer la carte de la sensibilisation, aux entreprises d'abord : "Il y a un gros problème d'effectif à la propreté urbaine. Ils sont déboussolés, déçus qu'il n'y ait pas d'apport au niveau du personnel pour les aider dans leurs tâches. Tous les renforts ont été enlevés, ils évoluent en effectif restreint." Pour lui, les employés de la propreté urbaine "ne sont pas entendus". "Ils veulent bosser plus et être payés, et non avoir des récupérations après certaines astreintes", peste le délégué syndical, qui voit Grenoble comme une ville devenue "sale". "Si les gens mangent un plat à emporter dehors, c'est logique qu'ils laissent leurs déchets dans les poubelles municipales. Et si elles débordent, ils vont les jeter où ? Pas dans leur poubelle personnelle !"
Chérif Boutafa, opposant bien connu de la politique menée par Eric Piolle et ses équipes à Grenoble, dénonce également le manque de poubelles dans la ville, notamment dans les parcs et jardins.
Une lettre à l'adresse des restaurateurs
De son côté, Gilles Namur veut sensibiliser les usagers d'abord : "Inciter les clients à bien mettre leurs déchets dans une poubelle ou de faire quelques pas supplémentaires lorsqu'une corbeille est pleine." Il va également s'adresser aux restaurateurs. "On va leur adresser une lettre avec des idées qu'on pourrait leur proposer comme fournir des matériaux recyclables et utilisables qu'on puisse ramener ou embarquer chez soi pour resservir en pique-nique."
Un avis que ne goûte pas du tout Chérif Boutafa. Pour lui, les restaurateurs "jouent le jeu. Le non-gaspillage est marqué sur leurs emballages à emporter".