Depuis 14 ans, le restaurant Le Relais de Bacqueville à Bacqueville-en-Caux est le plateau technique de l’ESAT de la commune, un restaurant d'insertion qui séduit une clientèle d'habitués par son accueil et par ses prix très compétitifs.
Sur la place de Bacqueville-en-Caux, rien ne distingue le relais d’un autre restaurant, pourtant ici la majorité des professionnels de l’équipe sont en situation de handicap et dépendent de L'ESAT de la commune.
Un restaurant pas comme les autres
Parmi eux Frank, il travaille ici depuis 12 ans, après être passé par tous les postes de la cuisine, il est aujourd’hui responsable du chaud.
Cette année, il a fini troisième au concours de la coquille Saint-Jacques et il aspire maintenant à autre chose…
"J'aimerais travailler dans un autre restaurant, pour voir la gastronomie, voir autre chose que ce que l'on fait, ici ce sont des plats simples, des plats du jour. Moi, j'aimerais voir de la cuisine gastronomique."
Un lieu d'insertion où l'on prend le temps pour se former
Alison officie, elle, en salle, au fur et à mesure des années, elle a pris de l’assurance. Aujourd’hui elle est souvent responsable de la caisse et se voit bien dans un avenir proche rejoindre le milieu ordinaire. "Je souhaiterais aller au primeur. J'aime bien le contact des clients. Je voudrais rester dans ce contact-là."
En cuisine, ils sont trois professionnels de l'ESAT encadrés par une monitrice d'atelier. "Les encadrants sont là pour transmettre leur connaissance pas pour faire à la place", explique le chef de service de l'ESAT.
Même chose en salle, Hélène Guérin, monitrice d'atelier a ainsi fait le choix de quitter le restaurant gastronomique où elle officiait pour rejoindre l'établissement. "Je voulais rester dans le même corps de métier et transmettre mon expérience, mon savoir-faire. J'ai apporté des outils pédagogiques pour fluidifier les relations entre le service et la salle."
Ici, à la différence d'un restaurant classique, on a le temps de leur montrer beaucoup de choses, c'est très appréciable.
Sandrine Dehaye, monitrice d'Atelier en cuisine
Le Relais s'inscrit dans l'insertion professionnelle des gens très éloignés de l'emploi. "La différence c'est qu'on prend le temps de les former, si ça prend 15 ans , on prendra 15 ans, ce n'est pas un problème. L'objectif, s'ils le souhaitent c'est qu'ils rejoignent le milieu ordinaire", explique Jérome Huré, le chef de service de l'ESAT de l'Epifaje.
S’ils sont nombreux ici à ressentir des envies d’ailleurs, c’est parce qu’ils savent que cela est sans risque. Grâce à leur statut particulier au sein de l’ESAT, ils peuvent tenter l’aventure du milieu ordinaire et revenir si cela ne leur convient pas.
Une politique d'inclusion relativement récente mais qui porte ses fruits. Aujourd'hui, à l'image de Frank ou d'Alison, un tiers des personnes accompagnées ont envie d'aller travailler dans le milieu ordinaire.
Lorsqu'on a ouvert, il n'y avait plus de restaurant dans la commune, il y a avait une grosse attente.
Jérome Huré, chef de service de l'ESAT
Une formule à 14,90 euros
Le Relais s'est installé en 2010, il n'y avait alors plus de restaurant à Baqueville. Ouvert, chaque midi, du lundi au vendredi l'établissement a trouvé son public. Parmi les clients, des salariés qui travaillent dans les alentours notamment dans le bâtiment, séduits par le prix de la formule, entrée-plat-dessert à 14,90 euros et la rapidité du service.
De nombreux habitués fréquentent également les lieux une à deux fois par semaine, conquis par l'ambiance familiale des lieux. "On se sent comme à la maison et le rapport qualité prix est imbattable".
Ni sur la façade , ni dans la salle, n'est indiqué que le restaurant est un lieu d'insertion. Une volonté de la direction d'être "un restaurant comme les autres où la clientèle vient avant tout parce que c'est bon. " Tout est frais et cuisiné sur place par l'équipe.
Pour payer les salaires et les charges, le restaurant doit servir 40 couverts par jour. Une moyenne régulièrement atteinte. L'avenir s'annonce donc radieux pour le Relais de Bacqueville.