Le groupe d'opposition municipale de Grenoble a demandé la démission du maire Eric Piolle lors du conseil municipal de ce lundi 27 juin. Cette demande fait suite à la décision du conseil d’Etat sur l’interdiction du port du burkini dans les piscines de la ville.
Un conseil municipal sous tension. Quelques jours après la suspension, par décision du Conseil d'Etat, de l'autorisation du burkini dans les piscines de Grenoble, le maire Eric Piolle a dû faire face aux critiques de son opposition, ce lundi 27 juin.
Le président du groupe d'opposition de droite à Grenoble et ancien édile, Alain Carignon, a lancé une importante charge à son encontre : il a notamment demandé sa démission. "Au vu de ce contexte et alors que le Conseil d'Etat confirme que vous avez franchi une ligne rouge, notre groupe n'a pas d'autre choix que de vous demander solennellement de vous retirer de vos fonctions et de les confier à un membre de votre majorité. Vous n'avez pas la légitimité politique et morale pour prétendre représenter les Grenoblois puisqu'il s'agit d'une trahison de la Ville et de ses valeurs", a-t-il déclaré.
Alain Carignon avait annoncé vouloir demander la démission d'Eric Piolle, suite à la décision du Conseil d'Etat, le 21 juin dernier. Il a également informé, qu'en cas de réponse négative, il saisira "le ministère de l'Intérieur d'une demande de suspension à (son) encontre sur le fondement des dispositions de l'article L.2122-16 du code général des collectivités territoriales qui permet une suspension d'un maire par arrêté ministériel."
"Je vous rappelle que la loi dite du 'séparatisme' du 24 août 2021 fait peser sur tout organisme de droit public le respect de l'égalité des usagers dans le service public et l'exigence de veiller au respect du principe de la laïcité et de neutralité", a continué Alain Carignon.
"Vos mots sont ceux d'un maire corrompu"
L'offensive du conseiller municipal d'opposition a été balayée par Eric Piolle : "Le Conseil d'Etat a réaffirmé la jurisprudence de 2016, disant qu'on ne peut pas interdire le burkini pour des raisons religieuses et le fait que le service public peut s'adapter. Ce qu'il a pointé, c'était une dérogation excessive portant sur la jupette."
Il s'est ensuite adressé directement à Alain Carignon : "Quelle est la dernière fois que vous avez dit du bien de Grenoble ? Peut-être était-ce lorsque vous étiez maire. (...) Vos mots sont ceux d'un maire corrompu, pour recel d'abus de biens sociaux, subornation de témoins qui a été condamné selon le jugement du tribunal correctionnel de Lyon et qui a commis l'acte le plus grave pour un élu : vendre une parcelle de son pouvoir à des groupes privés pour en accepter des avantages considérables."
Le maire a ensuite évoqué des "allégations affabulatrices" et des "amalgames permanents" de la part d'Alain Carignon à son encontre.
Alors que le conseil municipal n'était pas terminé, le groupe d'opposition a fait savoir, par un communiqué, qu'un courrier avait été adressé au ministre de l'Intérieur "pour demander la suspension du maire de Grenoble en application de l'article L.2122-16 du CGCT et de la loi dite séparatisme du 24 août 2021".
Une suspension confirmée par le Conseil d'Etat
Le Conseil d'Etat avait confirmé la décision du tribunal administratif qui avait suspendu la délibération du conseil municipal de Grenoble autorisant le burkini, mardi 21 juin. Cette suspension avait été demandée par le ministère de l'Intérieur, par l'intermédiaire du préfet de l'Isère.
Dans sa décision, la plus haute juridiction administrative a estimé que le nouveau règlement des piscines imposé par la municipalité grenobloise constituait une "dérogation très ciblée" destinée à "satisfaire une revendication religieuse". Cette "dérogation" serait "de nature à affecter le bon fonctionnement du service public et l'égalité de traitement des usagers dans des conditions portant atteinte au principe de neutralité des services publics", toujours selon la décision.