Mardi 22 juin, le Conseil d’Etat a confirmé l’interdiction du port du burkini dans les piscines municipales de Grenoble. Dans la soirée, Eric Piolle a réagi à travers un communiqué. Le maire de la commune dit prendre acte de la décision, regrettant toutefois que la plus haute juridiction du pays lui "prête des intentions qu’il n’a pas".
Après des mois de polémiques, le port du burkini est définitivement interdit dans les piscines municipales de Grenoble. Le Conseil d’État a rendu sa décision mardi 21 juin, confirmant la suspension de la délibération du conseil municipal de Grenoble qui autorisait ce maillot de bain. Pour la plus haute juridiction administrative du pays, le nouveau règlement des piscines municipales constituait "une dérogation très ciblée" destinée à "satisfaire une revendication religieuse". Dans la soirée, la municipalité de Grenoble a réagi : "La commune de Grenoble prend acte de la décision du Conseil d'État", débute le communiqué.
"La commune regrette cependant que le Conseil d'État lui prête des intentions qu'elle n'a pas", indique cependant la municipalité. Avant de poursuivre : "Dans la droite ligne des décisions du Défenseur des Droits, l'objectif de la commune de Grenoble est de permettre l'égal accès des usagers au service public des piscines au seul regard des règles d'hygiène et de sécurité sans discrimination."
"Je respecte la décision"
Au lendemain de la décision de justice, Éric Piolle, maire de Grenoble, a confirmé sa position au micro de nos confrères de France Bleu Isère : "Le Conseil d’Etat juge que la dérogation que nous avons mis en place pour que puissent se porter des jupettes sous les fesses jusqu’à la mi-cuisse est excessive. […] Je respecte la décision."
"C’est la plus haute juridiction donc c’est évidemment important, mais elle nous prête des intentions qui ne sont pas les nôtres et retoque 10 cm de jupette, j’en prends acte", poursuit le maire.
Monokinis et tenues couvrantes autorisés
Toutefois, la municipalité se félicite de l’autorisation du monokini pour les femmes (maillot dévoilant la poitrine) et de la levée de l’interdiction de porter des tenues de bain ajustées près du corps. "Le nouveau règlement s’applique, on a juste supprimé la partie sur les jupettes", indique Éric Piolle. "Certains ont envie de cacher leur corps et c’est leur droit. On ne retoque pas le fait de porter des tenues longues et couvrantes. Il y a quand même une grande partie des burkinis qui correspondent quand même à notre règlement, même retoqué."
Pour rappel, l'affaire avait débuté mi-mai avec l'adoption par le conseil municipal de Grenoble - à une courte majorité et sur fond de polémique nationale - d'un nouveau règlement pour les piscines de la ville. Celui-ci autorisait, sans le nommer, le burkini. Le ministère de l'Intérieur, via la préfecture de l'Isère, avait alors déposé un référé laïcité, une procédure issue de la loi contre le séparatisme qui permet aux préfets de saisir le juge administratif d'un acte d'une collectivité locale jugé contraire aux principes de laïcité.
Le tribunal administratif leur avait donné raison. La ville de Grenoble avait ensuite fait appel. Et l'affaire avait été examinée en audience par le Conseil d'Etat le mardi 14 juin dernier.