C'est une mauvaise nouvelle pour les habitués et cinéphiles du centre-ville de Grenoble. Le cinéma Les 6 Rex de Grenoble va fermer définitivement à la fin du mois de mars. Les cinq salariés vont être licenciés pour raisons économiques. Explications.
C’est un monument de la ville de Grenoble qui s’apprête à baisser le rideau : "C’est le cinéma de mon enfance, de mon adolescence, je suis venu voir le retour du Jedi ici avec mon père, j’avais 10 ans. Je suis venu voir tous les gros films des années 80 aussi, nous dit David, habitant du quartier, c’est la fin d’une histoire."
"Moi, j’aime bien le côté vintage du cinéma, nous dit Safa, jeune étudiante, en plus ce sont des petites salles, il y a un côté cocooning."
Une programmation actuelle à des prix accessibles
La fin d’une histoire, car le cinéma populaire, Les 6 Rex, a été le premier à projeter des films dans le centre-ville de la capitale des Alpes dans les années 1950. Et depuis 70 ans, il a vu défiler des millions de clients, des familles, des adolescents et aussi des étudiants. Tous attirés par des prix peu élevés puisqu’aujourd’hui la place coûte entre 6 et 8 euros.
"Ce sont des tarifs très abordables et ils proposent des films d’actualité, et c’est en centre-ville donc il y a le côté pratique", confie pour sa part Inès.
Si les dirigeants doivent aujourd’hui quitter les lieux, c’est parce qu’ils ne sont pas propriétaires des murs et n’ont pas pu renouveler leur bail. Et face au contexte actuel et la baisse de fréquentation indéniable, investir n’est pas la solution. "C’est un ensemble de choses, explique Bernard Wolmer, le directeur du cinéma. Déjà, nous sommes seulement propriétaires du fond et donc c’est très compliqué d’effectuer des travaux quand on n’est pas propriétaire des murs. Et là, il faut bien plus qu’un coup de peinture. Il faut changer les fauteuils, changer les appareils de projection donc au niveau financier, c’est un peu compliqué surtout si on veut garder nos tarifs attractifs."
Changement de pratique dans la consommation du cinéma
Pour Anaïs Truant, directrice de la cinémathèque de Grenoble, cette fermeture n’est pas anodine et reflète un changement de comportement dans la pratique du cinéma : "Les gens se sont beaucoup tournés vers les plateformes de streaming depuis le covid, vers une consommation du cinéma chez soi, très solitaire, donc là ces dernières années ont été très difficiles pour les salles. Et à Grenoble, il y a des projets de nouveaux multiplexes qui se développent en périphérie de la ville. C’est comme pour tous les commerces de centre-ville, le cinéma n’est pas épargné."
Le cinéma emploie aujourd’hui cinq salariés qui se retrouveront au chômage à la fin du mois. Les dirigeants donnent rendez-vous le 26 mars pour une dernière séance avant de faire tomber définitivement le rideau.