L'association Alyl, qui œuvre pour le recrutement inclusif en entreprise, a organisé un job dating aux portes de la cité Mistral, à Grenoble. L'expérimentation est appelée à se renouveler dans d'autres quartiers populaires de l'agglomération.
"Peintre, plombier, mécanicien, plaquiste... Vous avez fait beaucoup de choses, c'est bien." Les candidats ont 10 minutes, CV en main, pour se présenter face à un employeur. Une brève discussion dans l'espoir de décrocher un emploi, c'est le principe du job dating.
Une dizaine d'entreprises se sont déplacées lundi 4 décembre aux portes de la cité Mistral, quartier populaire de Grenoble, comme l'agence d'intérim Interi'sphère venue chercher du personnel dans le secteur du BTP.
"Le fait que ce soit dans un quartier populaire, je m'en fiche un peu. On a surtout besoin de personnel", résume Frédéric Martinez, le gérant de l'entreprise qui a repéré plusieurs profils intéressants. "Mes clients me demandent des gens de bonne volonté, ils ne me demandent même pas des qualifications. C'est pour vous dire à quel point ils sont dans la panade en termes de recrutement."
Ce job dating s'est déroulé dans les nouveaux locaux de La Poste installés en bordure de la cité. Près de 90% des demandeurs d'emploi inscrits à ces rencontres sont des habitants du quartier. Tous, comme Joël Aikpon, sont à la recherche d'un travail stable. "Jusque-là, je n'ai pas encore pu signer un CDI. Je me dis que je pourrais peut-être en avoir un si je viens rencontrer directement les employeurs", espère l'étudiant qui a écumé les sites de recrutement.
Contre les "idées préconçues"
À l'origine de cette expérimentation, l'association grenobloise Alyl qui œuvre toute l'année pour le recrutement inclusif en entreprise et offre un accompagnement à des demandeurs d'emploi. Pour cette première dans les quartiers prioritaires, elle a décidé d'en choisir un à la mauvaise réputation.
"Quand j'ai annoncé que l'expérimentation allait se dérouler à Mistral, on m'a souhaité bon courage. Je pense que ça résume les idées préconçues qu'on peut avoir sur les demandeurs d'emploi des quartiers prioritaires et notamment de Mistral. Ce qui se passe aujourd'hui démonte les préjugés", estime Bérengère Grimaud, co-fondatrice de l'association Alyl.
Car nombre de contacts ont été pris et parfois mieux, comme pour Ons Khetiri qui a un rendez-vous ferme. Venue dans l'espoir de décrocher un emploi, elle va commencer un travail d'aide à domicile. "J'ai vu beaucoup de recruteurs et ils m'ont proposé du travail avec des chances d'évoluer après dans la petite enfance ou pour être aide-soignante. (...) C'est difficile de trouver du travail donc que les recruteurs viennent ici, c'est très bien pour nous", assure-t-elle.
L'expérience ne fait que débuter. De nouveaux job dating, peut-être encore plus novateurs, sont prévus en 2024 dans d'autres quartiers populaires de l'agglomération grenobloise.