"C’est une guérilla interne" : derrière la colère des agriculteurs, les revendications divergentes des principaux syndicats

Depuis une semaine, les agriculteurs se mobilisent. Hausse des taxes, pression administrative, revenus insuffisants… Tous partagent les mêmes revendications, ou presque. En Isère, les principaux syndicats, la FDSEA et la Confédération paysanne, s'affrontent notamment sur les normes environnementales.

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Les agriculteurs ne décolèrent pas. En Isère, les points de blocage se multiplient. Pour soutenir les producteurs, les syndicats accompagnent le mouvement depuis une semaine. Parmi eux, les représentants départementaux de la FNSEA, premier syndicat agricole, face à la Confédération paysanne. Ces deux organisations affichent le même soutien à la mobilisation. Pas forcément avec les mêmes revendications.

La Confédération paysanne se démarque par son orientation politique, marquée à gauche, tandis que la FNSEA est apparentée à droite. Une rivalité présente entre les représentants isérois. Entretien croisé avec Maud Charat, membre du conseil d’administration de la Confédération paysanne en Isère, et Jérôme Crozat, président de la FDSEA dans le même département.

France 3 Alpes : "La mobilisation se poursuit, les syndicats restent vent debout. Vous comptez ne rien lâcher ?

Maud Charat, Confédération paysanne : Oui, c’est un vrai signe de ras-le-bol du monde agricole. Il est temps que le gouvernement prenne la mesure du malaise. Il faut apporter des réponses rapidement. Même si on a eu du mal à rentrer dans le mouvement, on le soutient.

Jérôme Crozat, FDSEA : Nous sommes confiants, déterminés. Le nombre de tracteurs et de manifestants, c’est du jamais-vu depuis les années 1960. Les préfets doivent faire remonter à l’Etat que c’est la case danger qui arrive. On restera déterminés à bloquer, peu importe cette histoire de syndicats.

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Maud Charat, de la Confédération paysanne, milite aujourd'hui pour plus de revenus et une meilleure transition écologique. Interview ICI 19/20, ce jeudi 25 janvier. ©France Télévisions

Il y a des désaccords entre vos organisations syndicales. Lesquels ?

Maud Charat : Surtout au niveau des normes environnementales. Au sein de la Confédération paysanne, on est nombreux à être en bio ou en agriculture paysanne. Les normes environnementales restent une attente sociétale. On ne peut plus continuer à utiliser autant de pesticides qui continuent à détruire la planète.

Il faut accompagner les producteurs pour aller vers cette transition. Mais cette transition ne doit pas s'arrêter, il ne faut pas faire marche arrière. Il faut aussi arrêter l’agriculture intensive.

Jérôme Crozat : Il y a pas mal de points de divergences. Ils sont contre la FNSEA, contre le stockage d’eau, contre l’agriculture intensive, à un moment donné, il faut redescendre sur terre. On a la même agriculture, il faut en avoir conscience.

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Jérôme Crozat, président de la FDSEA en Isère, ne compte rien lâcher malgré les divergences entre syndicats. Entretien, ce jeudi 25 janvier, à la manifestation de Grenoble. ©France Télévisions

C’est une rivalité qui ne date donc pas d’hier ?

Maud Charat : Ils nous prennent pour des paysans écologistes, et on assume. Travailler avec la nature sans la respecter comme ils le font est inacceptable. Quand on va aux réunions départementales, on se fait laminer. Quand on propose quelque chose, on ne nous écoute pas.

Jérôme Crozat : C’est une guérilla interne. En Isère, typiquement, on ne peut pas trop compter sur eux. Nous, on se tape toutes les réunions à la chambre d’agriculture, eux presque pas. La Confédération paysanne est arrivée en France pour être le bras armé des partis de gauche.

Il y a certes un désaccord, mais beaucoup d’agriculteurs mobilisés ne se soucient pas de ça.

Jérôme Crozat, président de la FDSEA en Isère

Avez-vous quand même des points de convergence ?

Maud Charat : Sur les accords de libre-échange, sur un moratoire sur les négociations d’accord, on est en accord. Il faut arrêter d’importer des produits industriels contre des produits alimentaires. Il faut fixer des prix minimum d’entrée pour ne pas que les produits qui arrivent de l’étranger, soient en deçà du coût de production des produits français. Il faut aussi que la loi Egalim, qui était faite pour déterminer un revenu digne aux paysans, soit vraiment maintenue.

Jérôme Crozat : À part que nous traitons, cultivons les terres, pas grand-chose. Le plus gros syndicat, en réalité, ce sont les non-sympathisants de toute manière. Donc il y a certes un désaccord, mais beaucoup d’agriculteurs mobilisés ne se soucient pas de ça."

D’autres organisations s’imposent aussi dans les négociations. Les Jeunes Agriculteurs, par exemple, est un poids lourd à l’échelle locale, avec pas moins de 50 000 adhérents en France, souvent considéré comme alliée de la FNSEA. Comme la Confédération paysanne, la Coordination rurale reste également un acteur influent, souvent classée à droite. Tous attendent en tout cas les annonces du Premier ministre, Gabriel Attal, prévues ce vendredi 26 janvier.

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