Ce lundi 11 janvier, le Conseil d'Administration de l'Université Grenoble Alpes a voté à l'unanimité la prolongation de l'accueil des migrants africains au "Patio". Des bureaux inoccupés mais chauffés, voués à la destruction. Les migrants pourront y rester jusqu'à la fin de la trêve hivernale.
Le conseil d’administration du 11 janvier 2018 de l'Université Grenoble Alpes , l'UGA, a adopté à l’unanimité une motion en faveur de la prolongation de l'accueil des migrants sur le campus.
Ces "migrants", une soixantaine d'hommes majoritairement, soutenus par plusieurs associations dont la Cimade, et qui se revendiquent comme "réfugiés", avaient occupé l'amphi G du Centre de langues vivantes de l’Université le 4 décembre dernier.
Intervenants : Amadou, demandeur d'asile, Félix, étudiant, Grégoire Charlot RESF, Patrick Lévy, Pdt Communauté Universitaire
Reportage : I. Guyader, C. Picaud, E. Achard
Venus du Soudan, d'Erythrée, de Guinée, entre autres pays d'Afrique, certains d'entre eux dormaient jusqu'alors sous les marches de la Mairie de Grenoble dans le Parc Mistral. Nous les y avions rencontrés en novembre.
Intervenants : Nicolas Gallis, collectif "Patio solidaire", Stéphane Dezalay, association La Cimade, Yves Dareau Préfecture de Grenoble
Reportage : JC Pain, D. Semet, E. Achard
Le lendemain de l'occupation, le 5 décembre, l'Université décidait de les héberger au "Patio", des locaux inoccupés mais chauffés. Et, le 22 décembre, les autorisaient finalement à y rester pendant les vacances de fin d'année.
Intervenants : Lise Dumasy, Pdte Université Grenoble, Félix Biguet, étudiant, Ousmane, étudiant, Patrick Lévy Pdt Communauté Universitaire
Reportage : N. Rapuc, YM Glo, M. Ducret
Les migrants pourront rester au Patio jusqu'au 31 mars
Ce lundi 11 janvier, les administrateurs (une vingtaine d'élus représentant les salariés et usagers de l'Université) décident donc de laisser le "Patio" ouvert tout cet hiver. Ils ont voté la motion suivante :
"Le 4 décembre 2017, des associations ont occupé l’amphi G pour alerter les pouvoirs publics sur les conditions de vie et d’accueil des migrants et demandeurs d’asile sur notre territoire. Après dialogue avec les migrants et les associations, une solution transitoire a été proposée par notre établissement, permettant de mettre à l’abri rapidement ces personnes en situation de grande vulnérabilité.
Depuis le 5 décembre 2017, une soixantaine de migrants est donc hébergée à titre transitoire dans les locaux provisoirement inoccupés de l’Université (180 m² de bureaux environ, dans une aile du bâtiment vouée à la destruction). Après médiation avec le Préfet et ses services, des propositions ont été présentées aux migrants, représentants des associations d’étudiants et de personnels lors d’une Assemblée générale le 21 décembre. N’ayant pas obtenu l’assurance d’un engagement écrit du Préfet, les migrants et les représentants des associations ont demandé aux deux présidents de l’Université et de la Communauté Université Grenoble Alpes l’autorisation de rester au Patio durant les vacances de fin d’année voire au-delà.
Les présidents se sont refusés à mettre à la rue ces personnes en détresse par devoir de solidarité et d’humanité et regrettent qu’une solution humaine et juste n’ait pu être trouvée. La permanence de service 24/24 dans ces locaux a été maintenue durant la fermeture administrative des bâtiments, malgré cela les conditions d’hébergement, d’hygiène et de sécurités ne demeurent pas satisfaisantes.
Face à cette situation humanitaire inédite, l’UGA se doit de continuer à porter haut les valeurs de solidarité, comme elle le fait depuis deux ans au travers d’une série d’actions en faveur des réfugiés (mise en place de référents pour l’accueil des réfugiés, guide d’accueil des étudiants réfugiés, création d’un diplôme universitaire spécifique pour leur formation en français, campagne de dons pilotée par la Fondation Université Grenoble Alpes). Néanmoins, elle ne peut se substituer durablement à la responsabilité de l’Etat et appelle de ses vœux à ce qu’une solution pérenne soit rapidement mise en œuvre, conformément aux valeurs d’accueil, de liberté et des droits de l’Homme que défend notre pays à travers le monde."
Reportage : I. Guyader / C. Picaud / F. Cathelain
D'ici la fin de la trêve hivernale, le 31 mars 2018, l'Université affirme poursuivre son dialogue avec la Préfecture pour trouver cette "solution pérenne" évoquée dans la motion. Comme l'évoquait à notre micro dès le 5 décembre dernier Patrick Lévy, désormais Président de l'UGA.
"Je veux que le Préfet et les élus locaux trouvent, ou cherchent en tout cas des solutions parce que ce n'est pas à nous de répondre à cette demande. On le fait parce qu'on n'a pas vraiment le choix, et que c'est un minimum de solidarité."