Les chaussures André, enseigne fondée en 1896, vont-elles survivre à leurs difficultés financières ? Le tribunal de commerce de Grenoble a validé ce 28 juillet l'offre de l'ancien dirigeant François Feijoo. Il veut sauver 200 emplois sur 400.
Les chaussures André ont été placées en redressement judiciaire le 1er avril 2020. Après avoir du fermer tous ses magasins à cause de la crise sanitaire, l'enseigne historique a perdu près de 4 millions d'euros en seulement 15 jours."Nous perdons 250 000 euros par jour" déclarait alors Boris Saragaglia, le PDG de Spartoo, groupe grenoblois leader de la vente de chaussures en ligne, repreneur d'André en 2018.
L'échec de Spartoo
Le confinement, ce fut le coup de grâce après une année 2019 déjà déficitaire avec 10 millions d'euros de pertes, sur un chiffre d'affaires total d'environ 100 millions.
En cause, selon Spartoo, les manifestations des Gilets jaunes et celles contre la réforme des retraites, qui auraient fortement perturbé l'activité commerciale l'an passé.
Pourtant, il y a deux ans seulement, quand Spartoo rachetait André au groupe Vivarte, l'ambition était grande...
Intervenants : Mathieu Masclet conseiller de vente Spartoo, Boris Saragaglia PDG Spartoo
Reportage : X. Schmitt, D. Albrand, S. Villatte
En 2018, Spartoo annonçait que ses effectifs allaient passer de 400 à plus de 1 000 personnes. Et son chiffre d'affaires à 250 million d'euros, soit une augmentation de 70%.
Pourtant, André avait déjà fermé 80 enseignes en deux ans. Une longue descente aux enfers, en perdant chaque année plusieurs millions d'euros, comme beaucoup d'autres enseignes dans le secteur de la mode en France.
Un sacré défi pour François Feijoo
A 59 ans, François Feijoo a derrière lui 35 ans d'expérience dans la distribution. Elu à l'unanimité président de la Fédération du Commerce Spécialisé en 2016, il est reconnu par ses pairs comme "un grand professionnel dans l'univers de la chaussure".
François Feijoo a débuté en 1984 comme chef de produit chaussures chez Myrys. Depuis, il a successivement dirigé Minelli, André, Eram.
François Feijoo présidait les chaussures André entre 2005 et 2013, la dernière année où l'enseigne fut rentable. Il semble y être particulièrement attaché.
La dernière chance d'André ?
Aujourd'hui, il est d'ailleurs le seul candidat avec un projet global. Les autres ne concernent que quelques boutiques.
François Feijoo veut sauver 200 emplois sur 400. Fin juin, il affirmait pouvoir réunir "une quinzaine de millions d'euros" pour une "reprise de la société avec un périmètre réduit : la marque, les magasins les plus performants, le siège et les entrepôts".
Les magasins grenoblois de la place Grenette et de Grand'place fermeront leurs portes dès demain soir 29 juillet. Celui du centre-ville, ouvert en 1928, était une véritable institution. Les deux boutiques emploient six personnes.
Malgré cela, le syndicat CGT est favorable au projet de François Feijoo. C'est sans doute la dernière chance de cette enseigne historique.