Le restaurant l'Atypik à Grenoble menace de fermer ses portes. Installé en centre-ville depuis plus de dix ans, il permet aux jeunes autistes de faire leurs premiers pas dans le monde professionnel. Le lieu espère redresser la barre d'ici à la fin de l'année.
L'Atypik lance un appel à l'aide. Le restaurant associatif dédié à l'inclusion des personnes autistes, installé dans le centre-ville de Grenoble, espère encore éviter la fermeture. Depuis la crise du Covid-19, l'établissement connaît une baisse de fréquentation importante.
"Actuellement, on peine à arriver à l’équilibre des comptes. C'est une grosse difficulté, parce qu'on ne peut pas pérenniser le poste pour les personnes porteuses de TSA [troubles du spectre de l'autisme, NDLR], l’accueil des stagiaires est plus compliqué. Notre mission en pâtit, explique Muriel Sigaud, présidente du restaurant l'Atypik. On risque de devoir fermer si on n'arrive pas à augmenter notre fréquentation et nos prestations."
Une centaine de jeunes accompagnés
Selon les chiffres de l'association Autisme France, seules 15 à 20 % des personnes autistes sont en emploi. L'Atypik représente une opportunité, pour les personnes porteuses de handicap, de faire leurs premiers pas dans le monde du travail, en cuisine, au comptoir, ou en salle. Chapeauté par l'association Atypik et compagnie, le restaurant a accompagné une centaine de jeunes autistes depuis son ouverture en 2013.
Salarié depuis un an à l'Atypik, Andréas explique avoir gagné en "confiance" depuis qu'il a rejoint le lieu. "Ça m'a permis de m’améliorer socialement, d’être mieux intégré au quotidien. Par mes proches ou mes amis, d'autres personnes sur mon lieu de travail. Voir les retours en sourire à l’encaissement ou sur des commentaires, c’est super."
Diagnostiqué à 21 ans, le jeune homme "essaie aujourd’hui de faire de cette différence un atout, une force pour m'en sortir socialement. Ce travail, c’est mon tremplin, c’est mon dada."
"Le service, le contact avec les gens, faire plein de choses. On peut parler avec des personnes variées : des jeunes, des personnes âgées, des personnes de tout âge. On a une super équipe", abonde Hugues, aujourd'hui en poste au comptoir.
Pour l'heure, les salariés rencontrés ne savent pas encore ce qu'ils feront en cas de fermeture du restaurant. "Comme toutes les entreprises, il y a des baisses de régime, des hauts, des bas. Quand tout va bien, on a le sourire, quand tout ne va pas bien, on n'a pas le sourire", relativise Hugues.
Faire un don ou adhérer à l'association
Chaque jour, les équipes de l'Atypik servent jusqu'à 35 couverts. En cette matinée de septembre, le restaurant a déjà "des réservations" pour le service du midi, mais "ce n'est pas toujours le cas", souligne Muriel Sigaud. "Après, on peut avoir des personnes qui arrivent, qui s’installent."
L'Atypik s'est fixé trois mois pour faire la différence. "Il faut que les gens viennent manger au resto plutôt qu’ailleurs et qu'ils nous recommandent, avance la présidente. Nous avons aussi un service de traiteur et de buffet en dehors des horaires de déjeuner." Muriel Sigaud encourage également ceux qui souhaitent soutenir le site à adhérer à l'association, faire un don ou même devenir bénévole.
"On travaille avec les petits producteurs. On fait les plats, les desserts, nous avons de superbes fondants à tomber par terre", appuie Hugues.
"Je suis d’une nature optimiste : si chacun fait le petit pas qu’il peut, venir manger, nous aider, adhérer, faire des dons…, conclut Muriel Sigaud. Je pense qu’on peut tous ensemble réussir à faire en sorte que des lieux qui aient du sens continuent."