La période de septembre à mars permet habituellement aux nappes phréatiques de se recharger. L'année 2023 s'annonce difficile : ce mois de février est le deuxième mois le plus sec depuis 1958 pour l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, selon Météo-France.
Les jours ensoleillés s'enchaînent dans les Alpes. En apparence, cela pourrait faire le bonheur des vacanciers venus profiter des vacances d'hiver dans la région. En réalité, cela n'a rien d'une bonne nouvelle.
Au total sur le mois de février 2023, près de 173 heures d'ensoleillement et à peine 0,8 mm de pluie ont été relevés dans la station de Bourg-Saint-Maurice, en Savoie. Selon les normales calculées entre 1991 et 2020, la hauteur moyenne des précipitations est de 75,9 mm et l'ensoleillement moyen est de 122 heures.
Une période critique pour le rechargement des nappes
Cette situation est révélatrice de l'ensemble des Alpes. Le mois de février 2023 représente le deuxième mois le plus sec depuis 1958 pour l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, selon Météo-France.
C'est pourtant une période cruciale pour l'état des nappes phréatiques : celles-ci se remplissent principalement entre septembre et mars. Cette phase de recharge est importante à la fois pour aider la bonne reprise de la végétation au printemps mais aussi pour limiter les vagues de chaleur estivales.
L'année 2023 s'annonce difficile selon Météo-France. Les derniers relevés montrent que les sols sont anormalement secs pour un mois de février. Actuellement, le déficit hydrique est de 15 % en Isère et de 10 % en Savoie. Seule la Haute-Savoie est excédentaire de 6 % "grâce aux pluies tombées à l'automne et en décembre/janvier dans ce département", explique Denis Roy, responsable du centre Météo-France des Alpes du Nord.
La fonte des neiges agit comme une sorte de "château d'eau" de fin de printemps.
Denis RoyResponsable de la région des Alpes pour Météo-France
Le météorologue explique aussi que, cette année, la fonte des neiges ne permettra pas de compenser le manque de pluie : "Il n'y a pas assez de réserve de neige alors que la fonte agit comme une sorte de château d'eau de fin de printemps."
Face à un tel constat, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a invité lundi 27 février tous les préfets coordinateurs de bassin à prendre des arrêtés de restriction d'eau "dès maintenant" pour anticiper d'éventuelles situations de crise pendant l'été.
Contactée par France 3 Alpes, la préfecture de l'Isère a répondu qu'aucune mesure spécifique n'était envisagée pour le moment.
Les prochains mois déterminants
Un brin d'optimisme demeure toutefois. Les impacts de cette "sécheresse hivernale" ne sont pas encore déterminants pour le printemps et l'été 2023 : "Cela dépendra des relevés pluviométriques du mois de mars", annonce Denis Roy.
"Il est encore trop tôt pour dire que l'on est dans le rouge", confirme Thomas Condom, hydro-glaciologue à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble. Le chercheur précise toutefois que "même si les impacts de cette sécheresse hivernale ne sont pas encore connus précisément, il est certain qu'elle aura des conséquences sur le cycle hydrologique."
Il faudrait deux à trois centimètres de pluie pendant plusieurs jours consécutifs pour que la pluie soit "efficace" et recharge les nappes phréatiques.
Thomas CondomHydro-glaciologue à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble
Plus qu'à espérer la pluie au plus vite donc, et pas n'importe laquelle. Pour que la pluie soit "efficace", c'est-à-dire qu'elle ne serve pas juste à humidifier le sol mais qu'elle permette aussi aux nappes phréatiques de se recharger, il faudrait "deux à trois centimètres de pluie pendant plusieurs jours consécutifs" estime Thomas Condom.