Depuis des mois, les familles de Nicolas Suppo et de Malik Boutvillain, respectivement disparus à Echirolles en 2010 et en 2012, se battaient pour que les dossiers de leurs proches ne soient pas classés. Ce mardi 13 juin, la justice a accédé à leurs demandes, et saisi de nouveaux magistrats pour continuer l'instruction.
"Il n'y aura pas d'enterrement en grande pompe" de l'enquête : les proches de Nicolas Suppo et de Malik Boutvillain expriment leur "soulagement", ce mardi 13 juin, par la voix de leur avocat. Les dossiers de disparition des deux Echirollois remontant à 13 ans et à 11 ans ne tomberont pas dans les oubliettes de la justice.
Malik Boutvillain est porté disparu depuis le 6 mai 2012. Le trentenaire est parti un dimanche matin faire son footing, sans son téléphone et son portefeuille. Il n'est jamais revenu, alors qu'il devait déjeuner avec sa mère.
Nicolas Suppo n'a, lui, plus été revu depuis le 15 septembre 2010. Il est sorti de l'entreprise grenobloise dans laquelle il travaillait à la pause de midi et n'est jamais réapparu. Ces disparitions restent un mystère et pourtant, ces deux affaires étaient menacées de classement.
De nouveaux juges d'instruction saisis
Pour éviter un non-lieu et la fin des investigations, Me Bernard Boulloud -qui défend les deux familles- avait sollicité une audience auprès de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble. Un combat contre l'institution judiciaire, de plusieurs mois, dont l'épilogue a été écrit ce 13 juin.
Dans un arrêt rendu ce jour, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble a décidé d'accéder aux requêtes des parties civiles.
De nouveaux magistrats ont été saisis pour suppléer les juges d'instruction en charge de ces deux dossiers. Ils viendront en renfort afin de poursuivre l'instruction. Chaque affaire sera donc suivie désormais par un binôme de juges.
Dans chaque dossier, Me Boulloud avait fait des demandes d'actes judiciaires sur des points à approfondir, des personnes à interroger, etc. Ces demandes avaient été rejetées.
Des investigations relancées
L'arrêt de ce mardi désavoue les juges, stipulant que les actes sollicités vont "dans le sens de la manifestation de la vérité", d'après l'avocat grenoblois.
La famille de Malik Boutvillain attend, en effet, depuis plus d'un an et demi que le rapport des policiers de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) soit suivi d'effets. Pourtant, il restait lettre morte. Aucune commission rogatoire ou demande d'acte n'avait été lancée. A la suite de cet arrêt, de nouvelles investigations devraient donc être entreprises prochainement.
C'est également le cas dans l'affaire de la disparition de Nicolas Suppo.
Dans l'affaire Boutvillain, la famille réclamait depuis longtemps d'être reçue par le magistrat en charge du dossier, au titre du droit à l'information des parties civiles, tel qu'il est prévu par le code de procédure pénale.
Ces entrevues sont censées avoir lieu tous les six mois. La juge d'instruction avait refusé cette audience, une décision annulée par la justice ce mardi.
Les familles enfin entendues
Les familles, en quête de considération, devraient donc être reçues prochainement. Elles ne cachent pas leur satisfaction d'avoir été, enfin, entendues par la justice.
Depuis plusieurs semaines, elles battaient le pavé médiatique pour faire pression sur la justice et pour se faire entendre, dénonçant "l'inertie" et le "manque d'écoute" de l'institution, estimant être "face à un mur".
Le 5 mai dernier, la ville d'Echirolles avait déployé une banderole à l'éffigie des deux disparus sur la façade de l'Hôtel de Ville pour soutenir les familles dans leur combat pour obtenir des réponses.
Les dossiers restent donc ouverts. La bataille est gagnée. Reste à comprendre ce qui est arrivé à Nicolas Suppo et à Malik Boutvillain. Désormais, les parties civiles espèrent que l'enquête sur la disparition de leurs proches sera confiée au groupe cold case de la section de recherches de la gendarmerie de Grenoble.