Un arrêté municipal signé le 7 avril par le maire de Grenoble restreint l’utilisation d’appareils bruyants en journée pour protéger le sommeil des soignants durant le confinement. Mais, revers de la médaille, il contraint fortement les artisans du bâtiment.
"Laissez-nous travailler au moins 6 heures par jour" c’est l’appel lancé à Eric Piolle par Nicolas Charmette. Ce patron d’une entreprise d’électricité à Grenoble se voit contraint de stopper son activité après la publication d’un arrêté municipal qui réglemente les nuisances sonores diurnes jusqu’à la levée des mesures de confinement.
Le maire de Grenoble a signé un arrêté le 7 avril limitant les horaires d'utilisation d'appareils bruyants pour bricoler ou jardiner. Désormais, ils sont autorisés uniquement entre 10h30 et 12h20 et entre 16h et 18h en semaine, et de 10h30 à 12h30 le samedi.
Cet arrêté, vise à faire baisser le nombre de signalements de nuisances sonores en forte augmentation depuis le début du confinement et à protéger le sommeil des professionnels soignants fortement mobilisés dans la lutte contre le coronavirus.
Mais le revers de la médaille, c’est qu’il contraint fortement les professionnels du bâtiment.
"Quand il s’agit de travaux menés dans un habitat, alors en effet les règles de bruit s’appliquent. Les artisans doivent adapter leur chantier de manière à éviter un bruit trop fort et répétitif en dehors des heures autorisées en ce moment, et ce pour préserver le sommeil des personnes travaillant en horaires décalées" ont précisé les services de la mairie.
Nicolas Charmette, patron de l'enteprise Gobba à Grenoble est particulièrement inquiet. Il venait de relancer son activité lundi, après deux semaines d’arrêt.
Et ça n’a pas été simple. Pour ne pas mettre en danger la santé de ses salariés et clients par rapport au coronavirus, il a fallu attendre les préconisations de l’OPPBTP (l’organisme professionnel de prévention du bâtiment) et recommandations de la Capeb et investir dans les EPI (équipement de protection individuelle).
Nicolas Charmette a même acheté un véhicule supplémentaire pour que chacun de ses 4 salariés puisse avoir sa propre voiture pour se déplacer sur les chantiers et ainsi respecter les gestes barrières. Il s’est fourni en masques FFP2 "à 6 euros pièce" précise-t-il. En tout, il dit avoir dépensé près de 20.000 euros pour pouvoir relancer son activité.
Mais l’arrêté pris par le maire mardi le contraint de nouveau à mettre ses salariés au chômage partiel.
"Il est impossible d’amortir les investissements et payer les salaires pour deux heures de travail quotidien, les horaires se terminant à 16h pour l’ensemble du personnel dans le bâtiment" explique Nicolas.
Le jeune chef d'entreprise se sent frustré, "qu’ils laissent bosser les professionnels, aujourd’hui, on a tous la contrainte de chiffre pour la survie de notre entreprise."
Par ailleurs, ses clients aussi sont dans l’attente "avec le confinement, tous les chantiers se sont arrêtés d’un coup" explique Nicolas. L’un de ses clients est obligé d’aller se laver chez des voisins car sa salle de bains est en chantier, sans eau, sans électricité depuis le début du confinement. Et ce n'est pas le seul dans la panade !