Emmanuel Macron a annoncé que le retour en classes se ferait dès la fin du confinement, le 11 mai. Une mesure qui inquiète en pleine épidémie de coronavirus. Dans ce contexte, à quoi pourrait ressembler la rentrée dans l'académie de Grenoble ? On fait le point.
"On ne va pas avoir un retour en classes qui sera la vie d'avant." La fin de l'école à la maison se profile à la date du 11 mai, dès le déconfinement progressif annoncé par le chef de l'Etat. Dans l'académie de Grenoble, on commence à anticiper cette date, bien qu'il reste de nombreuses inconnues à l'équation. La principale étant la progression du nouveau coronavirus en France.Lors d'une conférence de presse - virtuelle - qui s'est tenue mercredi 15 avril, la rectrice de l'académie de Grenoble, Hélène Insel, a donné les premières pistes de ce retour en classes. Pour quels élèves en premier lieu ? Quelles tranches d'âge ? De quelle manière ? France 3 Alpes fait le point sur cette rentrée très particulière, redoutée par certains enseignants et parents d'élèves.
Quels élèves en premier ?
S'alignant sur les annonces d'Emmanuel Macron, le rectorat de Grenoble promet une "réouverture progressive de l'école" à partir du lundi 11 mai. "Nous n'avons pas de doctrine complètement claire", a rappelé Hélène Insel, mais le retour en classes concernera "probablement plutôt les écoles primaires d'abord".
"Le numérique n'est pas implanté de la même manière dans le premier degré et les enfants ont besoin de ce contact (...) davantage que les plus grands qui sont plus autonomes", a argué la rectrice. Les autres niveaux suivraient ensuite, le collège et le lycée. Mais, comme l'a annoncé le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, les établissements supérieurs tels que les universités resteront fermés jusqu'à l'été. Et concernant les classes de maternelle, aucune décision n'a encore été prise.
Cibler les élèves décrocheurs
Les modalités du retour en classe sont encore à l'étude, mais "cette reprise est là, surtout, pour remettre à l'école les enfants dont on sait qu'ils ont connu les plus grandes difficultés durant cette période", a souligné Hélène Insel.
Dans l'académie de Grenoble, il y aurait entre 2 et 3% d'élèves en situation de décrochage, n'étant plus du tout en contact avec leurs professeurs depuis le début du confinement. Un taux qui peut monter à 8% pour les élèves de certificat d'aptitude professionnelle (CAP).
"On est en train de faire le même travail qui avait été fait sur les examens, consulter à la fois les organisations syndicales de tous les personnels, mais aussi les parents et les lycéens pour recueillir les avis sur ce que serait un bon retour à l'école", a poursuivi la rectrice, ajoutant que "tout est encore possible".
A quoi va ressembler le retour en classes ?
Cette rentrée du 11 mai n'aura rien a voir avec "la vie d'avant", a rappelé Hélène Insel. "Ca sera par petit groupe", a-t-elle indiqué, expliquant que l'organisation pourrait se rapprocher de celle mise en place dans les établissements accueillant les enfants des personnels soignants depuis le début de la crise sanitaire.
"L'école, à partir du 11 mai, n'est pas un retour avec les groupes classes que nous connaissons et avec les méthodes pédagogiques que nous connaissons. Il y aura probablement une hybridation entre l'école à la maison et l'école en classe", a poursuivi la rectrice. Bien que toutes ces pistes ressemblent davantage à des ébauches qu'à un plan précis.
Conférence de #presse la rectrice @HeleneInsel réunit les journalistes pour évoquer avec eux la #ContinuitePedagogique #BAC2020 #examens #solidarité #11mai
— Académie de Grenoble (@acgrenoble) April 15, 2020
« Les personnels de l’@acgrenoble font un travail remarquable dans un contexte difficile » pic.twitter.com/3gBhhG5Xrc
La reprise du travail scolaire va aussi être bouleversée. Des méthodes pédagogiques particulières vont être mises en place pour "accueillir des enfants qui n'auront pas vécu l'enseignement à distance de la même manière." La rectrice d'insister : "Il y aura un accompagnement psychologique et social mis en place. Il faut libérer la parole, le vécu de chacun."
Quelles mesures sanitaires ?
"Le principe premier, c'est que ce retour se fera dans le respect des consignes de sécurité des autorités sanitaires", selon la rectrice de l'académie de Grenoble. C'est d'ailleurs l'un des points discutés en ce moment : comment sécuriser les établissements scolaires avant le retour des élèves ?
"On a des consignes sanitaires à respecter en termes de densité d'enfants et d'adultes, on aura un travail à mener avec les collectivités pour que les écoles soient nettoyées avant le retour en classe et qu'elles le soient régulièrement après, qu'on ait les ressources nécessaires en termes de savon, de gel...", a-t-elle listé. Autant de "conditions sine qua non" au retour à l'école.
Mais encore une fois, beaucoup d'éléments restent indéterminés. La question des masques, du nombre d'élèves par classes, des modes d'application des gestes barrières... Tout cela doit être décidé à l'échelle interministérielle dans les prochaines semaines.
A quand un plan précis ?
Les modalités de la rentrée ne dépendent pas tant du rectorat que du gouvernement. Des décisions doivent encore être prises par les ministres de la Santé et de l'Éducation nationale pour en fixer les grandes lignes. Des réponses sont attendues "d'ici 15 jours", a indiqué Hélène Insel, précisant que tout cela dépendait "de l'évolution du virus et des autorités sanitaires".
Le Premier ministre Edouard Philippe a estimé mercredi que cela pouvait se traduire "peut-être – peut-être – par une forme adaptée de réouverture des écoles", dans un fonctionnement "différent" de la normale. Le chef du gouvernement a martelé qu'il s'agit d'un "impératif (...) réel" éviter que les inégalités sociales ne se creusent. Mais ce retour en classes "doit être conjugué avec la nécessité de préserver la santé de nos concitoyens, de garantir le respect de règles sanitaires". Le principal objet de discussions en ce moment.