Vivre le confinement est plus ou moins facile selon que l’on habite en centre-ville, à la campagne, en HLM ou que l'on a un jardin. À Grenoble, des étudiants ont décidé de rester confinés dans leur logement universitaire. TEMOIGNAGES.
Que l'on habite en ville ou à la campagne, cette période de confinement liée à l'épidémie de Covid-19, n'est pas vécue de la même façon par tous. Quand certains ont la possibilité de prendre l'air dans leur jardin ou sur leur balcon, d'autres sont enfermés dans leur petit appartement. Cette expérience du confinement est celle de certains étudiants grenoblois, souvent seuls dans leur logement.
"Je n’avais pas vraiment mesuré l’ampleur de l’épidémie"
« Je pensais que cela ne durerait que deux semaines et qu’après, tout serait comme avant, mais je me suis bien trompé, j’ai l’impression" s'en amuse Gwendal Kerbastard, étudiant à Grenoble. Dans son appartement de 21 mètres carrés, il parvient encore à tromper le temps grâce aux mangas et cours en ligne.
Chaque jour, durant cinq minutes au téléphone avec ses parents, il donne de ses nouvelles. « Je suis resté à Grenoble parce que je viens du Morbihan qui est une zone particulièrement touchée par l’épidémie, je ne voulais pas prendre le risque de contaminer mes proches en attrapant le virus dans les transports en commun."
Grenoble, Chambéry, Valence et Annecy rassemblent au total plus de 92 000 étudiants. Toute l'année, les services du CROUS proposent aux étudiants des logements allant de 9 à 31 mètres carrés. Jeudi 12 mars, après l’annonce de la fermeture des établissements scolaires, la question de rester ou partir s’est posée pour les étudiants.
Dans la foulée, le CROUS a envoyé un mail aux étudiants pour les encourager à quitter leur chambre universitaire : "les étudiants logés ont été invités depuis vendredi, le sont aujourd’hui et le seront dans les jours qui viennent, à rejoindre leur domicile familial, afin de leur éviter de rester dans leur logement de manière isolée."
Autre mesure : la suspension du loyer pour les étudiants quittant temporairement leur logement. Depuis, chaque étudiant est invité à communiquer sa situation par mail ou téléphone, en précisant le nom, prénom et numéro de chambre à sa résidence.
À compter du 1er avril, tous les étudiants qui ont quitté - même temporairement - leur logement en résidence universitaire gérée par un Crous, NE PAIERONT PLUS leur loyer JUSQU'À LEUR RETOUR. pic.twitter.com/FZ0pIB97eQ
— Etudiant.gouv (@etudiantgouv) March 18, 2020
"Il reste surtout ceux qui ne pouvaient pas rentrer chez eux"
Dans les couloirs de la résidence étudiante Berlioz à Grenoble, le bruit des valises a raisonné après l’annonce du confinement. « Il n’y a plus grand monde. Il reste surtout ceux qui ne pouvaient pas rentrer chez eux, les Erasmus et les étudiants étrangers » explique un étudiant, habitant dans la résidence.
Pour les étudiants étrangers, la décision de rentrer dans son cocon familial n'est pas facile. Quand ce choix n’est pas synonyme de risques pour leurs proches, il peut s'avérer onéreux ou simplement impossible. « Je devais rentrer le 26 mars, mais comme les vols étaient progressivement tous annulés, je me suis dit autant annuler et protéger ma famille » raconte Ilyes* étudiant algérien à Grenoble.
"Difficile d’être seule dans un 12 mètres carrés"
Pour d’autres, trop tard et trop loin pour rentrer. Amélia Calvez, originaire de Bretagne, s’adapte progressivement à une vie confinée : « J’ai un mémoire à écrire et des amis dans les autres résidences avec qui je mange tous les soirs. La suite, je vais essayer de le prendre au jour le jour, même si je sais que ça va être difficile d’être seule dans un 12 mètres carrés. »