VIDEO. Contrairement aux idées reçues, l'été est une période très difficile pour les plus précaires à la rue, au moins autant, sinon plus que l'hiver. Pandémie, températures caniculaires ... "Point d'Eau" est l'une des six structures à Grenoble à avoir gardé ses portes ouvertes
C'est une problématique récurrente. Chaque année, c'est la même chose : la plupart des structures d'accueil et de restauration bouclent leurs portes à la fin de l'hiver, afin d'économiser leurs moyens. Exceptionnellement, cette année, elles ont fait une exception : "le Fournil, Femmes SDF, l'Accueil Vieux Temple, le Secours catholique, Nicodème et le Lîeu sont restés ouverts en adaptant leurs accueils à leurs capacités dans le contexte de crise sanitaire".
A Grenoble, l'association Point d'Eau, dans le quartier de l'Île Verte, a maitenu son dispositif et est restée ouverte comme toute l'année, en matinée.
En ce mois d'août, ils sont plus d'une centaine par jour à venir chercher ici du réconfort, un petit-déjeuner offert gratuitement "avec le coeur", la possibilité de prendre une douche, pouvoir se procurer du savon, du dentifrice "des produits de toute première nécessité qui leur permettent de garder leur dignité".
"Cette année est particulièrement rude, commente le directeur Richard Diot, il y a la canicule, et puis la pandémie du Covid-19, chacun a besoin d'en parler, d'échanger, de se libérer de ses angoisses, qui se superposent aux problèmes du quotidien, où manger ? Où dormir ?(...) Notre public aussi a changé, avec des gens qui travaillent mais n'ont pas de logement, des mineurs qui n'ont aucun soutien, ou des familles de migrants qui dorment dehors".
Il a fallu en outre s'adapter aux règles sanitaires : le temps de désinfection des douches par exemple a doublé, et tous ne peuvent pas en bénéficier. Il a fallu réorganiser l'espace.
A l'origine, l'association a été créée pour effectivement offrir aux personnes de la rue un lieu où il état possible de se laver. Au fil du temps, la structure s'est étoffée : des médecins, des ostéopathe, tous bénévoles, passent régulièrement, il y a un service de bagagerie, où laisser ses affaires - on se fait facilement dépouiller à la rue -, on trouve ici du soutien et de l'aide pratique pour les démarches administratives pour un logement, ou un projet de réinsertion.
A l'heure où les structures sociales ont des difficultés financières pour survivre, l'association Point d'Eau, qui repose en grande partie sur le bénévolat, espère pouvoir s'installer bientôt dans des locaux plus grands, plus fonctionnels, dans le même quartier... en 2021, "si tout va bien".