Direct, souriant et en pleine réussite, le sélectionneur Walid Regragui a transformé en quelques mois l'équipe du Maroc. Ce mardi, elle a réalisé l’exploit d’éliminer l’Espagne (0-0, 3-0 aux t.a.b) en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022. Retour sur le parcours de l’ancien défenseur du Grenoble Foot 38.
Une ascension fulgurante. Walid Regragui est arrivé à la tête de la sélection marocaine moins de trois mois avant le début du Mondial 2022. L’entraîneur, âgé de 47 ans, avait alors remplacé l’expérimenté Vahid Halilhodzic.
Mais avant d'écrire actuellement l'histoire des Lions de l’Atlas, le sélectionneur a connu une carrière de joueur professionnel. Notamment au sein du GF38. L’ancien défenseur a porté le maillot bleu isérois entre 2007 et 2009. À l'époque, il a participé à la montée du club en Ligue 1. Après avoir terminé sa carrière de joueur, en région parisienne à l’US Fleury-Mérogis, il a commencé sa reconversion en tant qu'entraîneur.
Durant sa carrière de joueur, le Franco-Marocain, né à Corbeil-Essonnes, a également porté le maillot de la sélection marocaine (45 sélections), entre 2001 et 2009. Une période durant laquelle il a été finaliste de la Coupe d’Afrique en 2004 (finale perdue 2-1 contre la Tunisie).
Champion, partout où il est passé en tant qu'entraîneur
Vingt-trois ans plus tard, Walid Regragui se trouve à la tête du banc, en tant que sélectionneur. Il réalise actuellement le plus beau parcours du Maroc dans une Coupe du monde. Entre-temps, il avait déjà retrouvé le banc marocain, en tant qu’adjoint (2012-2013) du sélectionneur Rachid Taoussi, pour une CAN ratée, avec une élimination de l'équipe au premier tour (2013).
Puis, Regragui a poursuivi son apprentissage du métier. Il a été couronné champion partout où il est passé, au FUS Rabat (2016), où il a lancé Nayef Aguerd, aujourd'hui un de ses piliers, au Duhail SC au Qatar (2020), et au WAC Casablanca (2022). Avec le Wydad, il a surtout remporté la Ligue des champions d'Afrique la même année.
Avant l’exploit contre l’Espagne, il lançait "Moi, c'est les joueurs", en repoussant modestement les questions élogieuses sur ses qualités lors d'une de ses conférences de presse où il fait apprécier son franc-parler et sa disponibilité, plus emballantes que le ronron habituel et la langue de bois en vogue dans le centre de presse climatisé de Doha.
"Sur les entraîneurs, on en fait toujours plus que ce qu'il faut. J'ai toujours dit que ce sont les joueurs qui font les entraîneurs. Il y a des escrocs dans le foot, des coaches qui veulent faire croire que ce sont des magiciens", développe Regragui.
"Il parle vrai"
Rudi Garcia, coach de Walid Regragui à Corbeil-Essonnes
"Dans ce métier, on n'invente rien, on reproduit ce que les autres font en essayant d'apporter sa touche personnelle", expliquait Regragui dans So Foot en 2016. "Je suis allé voir Rudi Garcia quand il exerçait à la Roma, pour observer comment il travaille. Je me suis inspiré de Rolland Courbis pour mes causeries, du temps passé avec Alain Giresse, Robert Nouzaret, Dominique Bijotat...", poursuit-il.
Un quart contre le Portugal
"Walid mérite ce qui lui arrive", estime pour l'AFP Rudi Garcia, qui le connaît depuis ses 19 ans, quand il l'entraînait à Corbeil-Essonnes. "C'est un garçon intelligent", poursuit Garcia, consultant pour TF1 au Mondial. "Je pense qu'il a un sens inné de la psychologie, il sait gérer les individus et le collectif. Et je pense qu'il parle vrai, il dit les choses, y compris individuellement à ses joueurs. C'est inné", conclut Garcia.
Il a su relancer l'étoile des Lions, Hakim Zyech, qui joue très peu à Chelsea et dont le conflit avec Coach Vahid a entraîné le limogeage du Bosnien. Achraf Hakimi souligne "l'incroyable travail qu'il a accompli en peu de temps". Regragui "a mis en place une nouvelle tactique et un nouveau groupe qui fonctionne. Nous nous sommes bien adaptés aux adversaires, qui ont du mal à nous marquer des buts", explique Aboukhlal.
Que des compliments... "J'ai beaucoup de bons joueurs, répond Regragui. On verra s'ils me permettent d'être encore bon coach demain inchallah !", disait-il avant la rencontre contre l’Espagne. Après l’exploit réussi, la réponse est oui. Il peut reporter sa remarque à la veille du quart de finale contre le Portugal, programmé ce samedi 10 décembre, à 16 heures.