A l'heure où le CHU de Grenoble ouvre ses nouveaux bloc opératoires, retour sur l'histoire de la chirurgie locale. Des barbiers aux spécialistes vidéo-assistés, du scalpel au robot. Dans l'étonnant Musée des sciences médicales de l'hôpital, découvrez les singuliers instruments des pionniers.
Jusqu'à la fin du XVII ème siècle, il fallait se contenter des barbiers, des opérateurs ambulants, et parfois de charlatans.
A Grenoble, tout change en l'an 1661, quand quatre religieux, dont un chirurgien et un professeur d'anatomie, s'installent à l'hôpital Notre-Dame. Cet hospice réunit depuis 1638 les maison de bienfaisance hospitalières. Les religieux "traitent, pansent et médicamentent les pauvres", pratiquent des saignées et quelquefois amputent. Ils enseignent aussi leur art "à quelques jeunes garçons".
En 1771, l'Intendant du Dauphiné étend ce privilège, jusqu'ici réservé aux seuls religieux, à quelques jeunes laïcs. Parmi les heureux élus, un certain Dominique Villars, venu du Champsaur. Il deviendra un célèbre médecin-botaniste.
A l'hôpital Notre-Dame de Grenoble, on opère souvent dans la salle commune, exposant les patients aux pires infections.
Il faudra attendre le XIXème siècle, la découverte de l'anesthésie et de l'asepsie, pour imposer l'hygiène en chirurgie, et même imaginer construire un nouvel hôpital, plus moderne, en dehors de la ville.
Le nouvel établissement voit le jour en 1913 sur la commune de La Tronche. Il accueille enfin des espaces dédiés à la chirurgie, deux pavillons équipés de "salles d'opérations", aux sols carrelés et aux murs ripolinés.
Après 1950, émergent les spécialités chirugicales. A Grenoble, l'orthopédie et la neuro-chirurgie sont promises à un bel avenir.
Et on assiste à une double révolution : les étudiants de la toute nouvelle faculté de médecine s'émancipent de la tutelle lyonnaise, l'hôpital va bientôt devenir Centre Hospitalier Universitaire.
A partir des années 1980, les techniques chirugicales s'affinent. Avec la mise en place notamment de la vidéo-assistance, ou chirurgie sous contrôle vidéo, la "coelioscopie". Cette technique chirurgicale permet, par une petite incision, d'introduire une caméra pour observer la zone à opérer et ainsi d'intervenir sur les organes en visualisant le geste chirugical en direct. En 1972, Maurice Antoine Bruhat et Hubert Manhes effectuent une première mondiale obstétricale à Clermont-Ferrand.
Cette évolution technologique préfigure la chirurgie assistée par ordinateur. Réunissant chercheurs et médecins, Grenoble est l'un des sites pionniers en la matière. De nombreuses premières ont lieu dans la capitale dauphinoise.
En 1989, premier robot en neuro-chirugie. En 1997, première prothèse totale du genou.
Aujourd'hui, le CHU de Grenoble se dote d'un tout nouveau "plateau interventionnel". 14 blocs opératoires flambant neuf, dotés des technologies les plus avancées, sont opérationnels depuis quelques mois. Les travaux vont durer jusqu'en 2025, pour quelques 80 millions d'euros.
Le prix à payer pour rester à la pointe du progrès. La place du chirurgien évolue, mais l'homme reste au centre de la décision et du geste opératoire.
"Cousu main", une exposition à découvrir au Musée grenoblois des sciences médicales, dans l'enceinte du CHU Nord à La Tronche près de Grenoble.