Déconfinement : herbes hautes, nouvelles espèces, Grenoble veut revoir sa gestion des espaces verts

Une ville au repos de toute activité humaine ou presque pendant 8 semaines, et c’est la nature qui reprend ses droits ! L’opportunité pour la municipalité de Grenoble de revoir et d’adapter la gestion de ses espaces verts.
 

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Une ville au repos de toute activité humaine ou presque pendant 8 semaines, et c’est la nature qui reprend ses droits ! L’opportunité pour la municipalité de Grenoble de revoir et d’adapter la gestion de ses espaces verts.

 

De nouveaux écosystèmes


Herbes hautes, papillons, chants d’oiseaux plus présents pendant le confinement, vous l’avez certainement tous constatés. Deux mois qui ont permis à de nouveaux écosystèmes de se mettre en place.

"Pendant cette période, il s’est passé quelque chose d’inédit, toute la nature a pu se développer à son aise" explique Lucile Lheureux, adjointe aux Espaces publics et à la Nature en ville. "La végétation a poussé, c’est aussi la période de nidification des oiseaux qui ont pu s’installer sans être dérangés par nos activités humaines. Les habitants, contraints de rester chez eux, se sont émerveillés en sortant. Il y a eu un regard plus bienveillant sur la nature. Une nature agréable mais aussi nécessaire et précieuse en ville."

Un regard et un constat sur lesquels la ville décide de s’appuyer pour la gestion de ses espaces verts. "On s’est interrogés sur comment repositionner la place de nos agents, professionnels des jardins, et celle des usagers au contact de la nature. L’objectif, c’est d’arriver à une gestion de plus en plus naturelle ou du moins plus proche du cycle de la nature" ajoute Lucile Lheureux.

Grenoble, c’est 440 hectares d’espaces verts dont 240 sont publics avec 61 parcs et jardins. La ville y pratique depuis une dizaine d’années déjà une gestion différenciée, divisée en quatre catégories, de la plus exigeante à la plus sauvage.

Ornementale, pour les parties patrimoniales comme la Préfecture ou la roseraie du Jardin de ville par exemple, dans lesquelles il y a une forte intervention de l’homme (arrachage, taille, plantations…). Classique, utilisée dans la grande majorité des espaces verts, avec la tonte et l’entretien les parcs notamment. Semi-naturelle, où l’intervention se limite à un ou deux fauchages par an. Enfin, naturelle, avec une intervention minimale pour laisser place à la biodiversité locale. C’est le cas par exemple sur le site de la Bastille.
 

La réflexion porte donc aujourd’hui sur une augmentation de ces deux dernières dans la cartographie existante. Depuis le 18 mai dernier, le travail n’a jamais été stoppé mais priorisé sur la sécurité. La moitié des 140 agents d’entretien sont restés sur le terrain pour l’élagage d’arbres dangereux ou d’arbustes qui débordaient sur les trottoirs ou pistes cyclables. Dans certains parcs, un fauchage "ludique" a été effectué pour créer un passage et attirer le regard sur les graminées ou les papillons plus nombreux que d’habitude…

 

Plus de nature mais pas moins de travail pour les agents


"C’est tout l’inverse !" assure Benoit Walbrou, responsable des espaces verts de la ville. "On n’entretient pas moins mais différemment et de façon beaucoup plus subtile et réfléchie. Un vrai travail de fourmi. Dans les faits, c’est une nouvelle manière de travailler, beaucoup moins systématique, plus conjoncturelle. La question va se poser à chaque fois sur chaque site de savoir comment l’entretenir. Les habitants en ont-ils un usage récréatif, de loisir ou sportif ? Si c’est le cas, on agira sur les surfaces herbacées pour permettre de s’allonger ou de jouer au ballon. A l’inverse, on pourra imaginer et mettre en place un fauchage, plus intéressant pour la nature en ville et pour le développement de la biodiversité."

"Quand on tond systématiquement tous les 15 jours ajoute Benoît Walbrou, on ne se pose pas de questions. La connaissance de l’écosystème permet de savoir quoi laisser ou enlever. Une zone laissée en prairie par exemple sera surveillée régulièrement avec une intervention par petites touches s’il y a des plantes invasives. Cette connaissance existe au sein des équipes depuis des années à Grenoble, là on va pouvoir la mettre en application sur des surfaces plus importantes dans la ville."

Autre aspect intéressant de cette période particulière pour le responsable des espaces verts, ce qu’elle révèle en matière d’adaptation de la ville aux changements climatiques.

"Plus on taille un gazon, plus il est sensible aux variations de température. Moins résistant, il devient jaune dans le paysage. A l’inverse une prairie est beaucoup plus résiliente, moins impactée par les changements climatiques. Ça permet de réfléchir. Pour que la ville de demain reste un environnement "vivable" et pour conserver de la fraîcheur, il faudra aussi bien sûr continuer à planter beaucoup d’arbres."

Des pelouses fauchées plutôt que tondues, de la végétation et ses locataires plus présents dans le paysage urbain… à vous de prendre le temps, dorénavant, de les observer !

 
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