Dix membres de l’équipe ukrainienne des moins de 23 ans d'aviron s’entraînent à Grenoble. Ils ont été accueillis avec leur encadrement à bras ouverts par le club de l’aviron grenoblois. Ainsi, ils peuvent continuer à s'entraîner pour le haut niveau.
Ramer et concourir, "c’est ma façon de me battre" explique Artem Podkorytov, membre de l’équipe d’Ukraine d’aviron des moins de 23 ans. Artem et ses coéquipiers du huit, l’épreuve reine de l’aviron, ont été accueillis par le club de l’aviron grenoblois. Après une période de réflexion, Alain Waché, le président du club, s’est décidé à les aider "afin d’exprimer sa solidarité".
C'est alors qu'une "belle dynamique" s'est créée. Il a fallu organiser leur venue dans la capitale des Alpes. Une partie du staff et les mineurs de l’équipe ont été logés dans deux familles d’accueil issues du club. Et pour héberger les adultes, Alain Waché a dû solliciter l’Afpa (l’agence nationale pour la formation professionnelle des adultes). Mercedes Garac Crespin, directrice de l’Afpa du Pont-de-Claix, raconte : "Il nous a appelés parce qu’on est partenaire sur d’autres actions. Il nous a demandés si on avait la capacité d’héberger un groupe d’athlètes ukrainiens."
J’adore les gens ici [...] ils nous ont donné tout ce qu’il faut.
Natalia Openchuk, entraîneuse de l’équipe ukrainienne des moins de 23 ans
Après quelques démarches administratives via la mission locale, les jeunes adultes ont pu être logés. Natalia Openchuk, l’entraîneuse de l’équipe, témoigne sa reconnaissance envers les membres du club qui se sont tous mobilisés. "J’adore les gens ici, ils nous ont donné un toit, ils nous ont donné tout ce qu’il faut. Nous nous sommes entraînés avec un membre de l’équipe de France ayant fait les Jeux de Tokyo (Guillaume Turlan). Ça a permis d’échanger des expériences."
Les jeunes sportifs sont aussi ravis du lieu d’entraînement et du cadre de vie. Leur but est de maintenir leur niveau pour les compétitions à venir, leur manière à eux de se battre pour l’Ukraine et leurs familles restées là-bas. "Le fait de ramer permet un peu de se détacher du contexte. Mais quand je suis en compétition, dans les championnats, on sait pourquoi on est là et pourquoi on combat", explique Artem Podkorytov. Les Jeux olympiques de Los Angeles 2028 sont la compétition qu'ils ont en ligne de mire.
Continuer l'entraînement et trouver un job
Il s'entraîne avec Nikita Shevchuk qui a concouru, en juillet dernier, aux championnats du monde U23, en Italie. Il vient de la région de Kherson. "La région est maintenant occupée par les militaires russes. Les Russes font un referendum en ce moment. Ils posent beaucoup de problèmes et ça m'inquiète." Lui et Artem espèrent trouver rapidement un job à côté des entraînements pour aider leur famille.
"La mienne est dans une mauvaise situation. Elle n’a pas d’argent. J’ai besoin de l’aider et de m’en sortir", évoque Artem qui espère trouver un travail dans le secteur du bâtiment. L'aviron, c'est sa "manière de se battre pour l'Ukraine", pour sa famille qui habite Zaporijia, un haut lieu de tension du conflit. C'est dans cette ville que se trouve la centrale nucléaire occupée par les Russes.
Pour l'heure, il est difficile pour eux de se projeter. "Je ne sais pas quand je pourrai revenir en Ukraine. Peut-être dans six mois, dans une année." Seule certitude, ils vont continuer de s'entraîner à Grenoble au moins jusqu'en décembre. Alain Waché pense que ça ira même au-delà de cette date. Nul doute que la solidarité sera encore au rendez-vous.