Plongée dans l'univers brillant et feutré du gant. Le musée Dauphinois raconte l'épopée de Grenoble, capitale de la ganterie, dans une exposition somptueuse et détaillée intitulée "Fait main, quand Grenoble gantait le monde".
Dès l'entrée, le ton est donné. Un couloir carmin profond, comme une tenture de velours, accueille le visiteur en majesté. Au bout de ce couloir trône la célèbre main de fer sous l'œil de son inventeur, Xavier Jouvin.
La main de fer, un accessoire qui permit aux artisans de fabriquer six paires de gants en une seule fois et en toute précision. Cette invention signe l'âge d'or de la profession avant le déclin.
Un âge d'or que célèbre le musée Dauphinois de Grenoble en sortant de ses réserves des pièces exceptionnelles, rénovées pour l'occasion par des spécialistes. Outre ces pièces muséales, des prêts de collections de grands noms de gantiers grenoblois sont offertes au regard comme dans une boutique où l'on vient commander son nécessaire de saison.
Dans cette ambiance boudoir, le visiteur découvre aussi des portraits de ces familles qui tenaient pignon sur rue, des cartes qui montrent la capitale des Alpes parsemée de fabricants, négociants et vendeurs.
L'une d'entre elles raconte aussi le rayonnement mondial de ce savoir-faire "jusqu'en Australie", nous explique Olivier Cogne, le directeur du musée. La ganterie grenobloise a employé jusqu'à 32 000 salariés, ce qui représentait 90 % de l'emploi industriel de la ville. Les hommes étaient à la coupe, les femmes à la couture.
Un accessoire de luxe, sur-mesure, qui pouvait ganter la femme jusqu'à l'épaule pour aller danser en toute élégance. Au détour d'un mur, la silhouette gracile d'Audrey Hepburn, diadème, fourreau de satin blanc et gants assortis, dans le film My Fair Lady de Georges Cukor.
Pour raconter la fabrication de cet objet d'élégance qui peut nécessiter jusqu'à 22 étapes, le musée a également reconstitué un atelier avec les outils, les ciseaux, et la table où officiera notamment Jean Strazzeri, maître gantier, légende de la profession, qui officie de 1964.
Jean Strazzeri, viendra au Musée pour pour offrir au public des démonstrationset partager sa passion.
Jean Strazzeri, l'un des derniers gantiers grenoblois, perpétue la tradition dans son atelier à Fontaine (Isère) mais également dans la Maison de la ganterie installée récemment à Grenoble, rue Colonel Dumont. Une maison dédiée à l'histoire mais aussi à la transmission de ce savoir-faire.
Tout au bout du voyage sont exposées les paires de gants chamarrées et joyeuses de FST Handwear. Philippe Largueze et Benjamin Cuier, deux jeunes entrepreneurs grenoblois qui, depuis 2008, relèvent le défi de perpétuer et prolonger cette tradition autrement.
Fait main, quand Grenoble gantait le monde une exposition à voir au musée Dauphinois jusqu'en mars 2023 (entrée gratuite).