Eric Piolle condamné pour favoritisme : "Ma probité n'est pas en cause", assure le maire de Grenoble

Le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, a laissé entendre mercredi qu'il ne démissionnerait pas de ses fonctions après sa condamnation pour favoritisme dans l'affaire de la Fête des Tuiles. Il s'interroge sur un éventuel pourvoi en cassation.

Condamné pour favoritisme, Eric Piolle s'est exprimé devant la presse mercredi 6 septembre, quelques heures après le rendu du jugement. Le maire de Grenoble a été condamné à 8 000 euros d'amende avec sursis par la chambre correctionnelle de la cour d'appel de Grenoble. Il lui est reproché d'avoir favorisé l'association Fusées à qui il a été confié, sans appel d’offres, l’organisation de la Fête des Tuiles en 2015 et 2016.

"C'est un sentiment en demi-teinte. D'abord, je respecte la décision de justice. Il y a trop de vagues autour de la justice en général pour ne pas réaffirmer cela haut et fort", a assuré d'emblée l'élu EELV, disant toutefois ne pas comprendre le "raisonnement" de la cour. "C'est du favoritisme sans favorisé, puisque l'association (Fusées) est relaxée. Un favoritisme sans favorisé, je ne sais pas trop ce que c'est", s'est interrogé Eric Piolle.

"J'ai aussi une pensée pour les trois fonctionnaires qui sont très amers, et je comprends cette amertume", a-t-il poursuivi, faisant référence aux trois autres personnes condamnées à la même peine d'amende avec sursis. "Ils ont le sentiment d'être au milieu d'un tir aux pigeons, notamment avec l'appel du procureur général sur un jugement qui avait pourtant suivi les réquisitions de son procureur."

"J'assume ce qu'a fait mon administration"

L'édile a par ailleurs balayé la possibilité d'une démission, réclamée par certains opposants après sa condamnation. "Ma probité n'est pas en cause", a argué le maire de Grenoble qui exerce son deuxième mandat. "Je suis chef d'administration, j'assume ce qu'a fait mon administration et j'ai considéré, quand ils m'ont exposé les faits après coup, qu'ils avaient bien fait leur travail."

Il n'y a pas d'atteinte à ma probité même si, évidemment, pour un honnête homme, c'est désagréable d'avoir une peine, même légère, même avec sursis.

Eric Piolle, maire EELV de Grenoble

à France 3 Alpes

"Tout a été balayé sur le côté renvoi d'ascenseur, liens de connivence [avec l'association Fusées, supposée proche de la majorité municipale, NDLR]... Tout ce qui fait les choux gras de l'opposition a été balayé par la cour", a complété M. Piolle.

La cour a toutefois estimé que, bien que s'agissant de prestations artistiques, la ville aurait dû procéder à un appel d'offres car ces dernières auraient pu "être réalisées dans des conditions comparables par un autre opérateur". Il appartenait par ailleurs à Eric Piolle, "en sa qualité de maire, de veiller à l'application des règles de procédure des marchés publics", selon ce même jugement.

Un jugement "inquiétant"

"C'est une jurisprudence très inquiétante pour le monde de l'art et de la culture puisque cela nie l'exception culturelle française", déclare pour sa part le maire écologiste. "J'y vois une incohérence. Le fait que l'on prive l'administration de la possibilité d'utiliser l'article 35 du Code des marchés publics, une procédure spéciale pour la création artistique, je trouve cela inquiétant pour la suite."

Eric Piolle annonce "prendre un temps de réflexion" avant de statuer sur un pourvoi en cassation. Il dispose d'un délai de cinq jours. "La justice a fait son travail et remettre une pièce dans la machine (...), ce n'est pas mon premier élan. En tant que leader politique, je considère qu'elle a mieux à faire. Mais cette question de création artistique m'interpelle, donc il faut prendre le temps d'en discuter avec le monde de l'art et de la culture pour savoir ce qu'il en pense", explique-t-il.

L'ensemble des prévenus jugés dans cette affaire de favoritisme avaient été relaxés en première instance par le tribunal correctionnel de Valence. La cour d'appel de Grenoble a infirmé ce jugement, condamnant quatre d'entre eux, tous membres de l'administration, à des peines d'amende avec sursis, près de cinq ans après l'ouverture de l'enquête.

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