Un collectif de militantes féministes iséroises s'oppose au manifeste pro-burkini du Planning Familial 38

Plusieurs membres du collectif transpartisan "Laï Cité", étaient présents ce samedi 13 juillet à Grenoble, pour réagir au manifeste pro-burkini du Planning Familial 38. D'après eux cette position est loin d'être partagée au sein du planning isérois. 

Si la conférence de presse de ce samedi était bien une réaction au communiqué du Planning Familial 38, les élus et militants présents, des femmes pour la plupart, souhaitaient élargir le débat.  

Dire d'abord leur indignation et leur incompréhension, lorsqu'ils et elles ont lu le communiqué du Planning Familial 38 le jeudi 11 juillet. Pour ces hommes et ces femmes féministes et universalistes socialistes, Insoumis, Radicaux de gauche ou Générations, ce manifeste pro-burkini va à l'encontre des valeurs d'émancipation de la femme défendues par le Planning depuis sa création. Et de rappeler que l'association a vu le jour à Grenoble. 

Une "dérive" d'après eux, qui a commencé avec le soutien à Lallab. Cette association regroupe des femmes musulmanes qui revendiquent de pouvoir porter le voile sans être discriminées.  

Ce samedi 13 juillet la conférence de presse était organisée par le collectif transpartisan "Laï Cité", des élu(e)s et militant(e)s engagé(e)s pour la promotion de l'universalisme dans les politiques publiques. 

Parmi eux, plusieurs membres de l'AFEI, l'Association des Femmes Elues de l'Isère.

Etait présent également le blogueur grenoblois Naëm Bestandji. Militant féministe et laïque, Naëm Bestandji considère que le principal argument anti-burkini est l'égalité hommes-femmes. 

Il évoque une forme de relativisme de plus en plus répandu dans les partis politiques et les associations, notamment féministes. Et c'est oublier, selon lui, que le port du voile et donc du burkini n'est pas un signe d'émancipation des femmes musulmanes. 

"Le port du voile est l'expression d'un sexisme ancestral", explique-t-il. "Il est utilisé comme cheval de Troie politique par ceux qui le prescrivent". Il est bien question de laïcité, mais pour lui la lutte la plus importante est l'égalité des sexes. 

Les militants universalistes ont rappelé également leur définition de la laïcité : "une référence à l'idéal universaliste du peuple souverain dont l'unité exclut tout type de privilèges, tant des groupes que des individus (...) Laïcité vient du mot grec Laos, qui désigne l'unité du peuple."

Selon eux, "faire du burkini et du monokini un même combat est une malhonnêteté intellectuelle. Le topless ou le naturisme ne se revendiquent d’aucune religion, contrairement au Burkini."
 


Une "guerre de religions à la Région" 


Présents également, plusieurs élus régionaux ont dit craindre que le Planning Familial se voit "sucrer" ses subventions à cause de cette prise de position. Stéphane Gemmani, élu régional Cap 21 au Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes, explique que le président de la Région Laurent Wauquiez, n'a pas hésité à couper les aides d'un centre religieux de Lyon pour sa proximité avec les idées de Tariq Ramadan, et qu'"il ne faudrait pas que cela arrive au Planning Familial". 

D'autres élus régionaux dénonçent une "guerre des religions à la Région", sur les questions par exemple de PMA, ou de fin de vie après le décès de Vincent Lambert. Signe selon eux d'un lobbying des membres de Civitas ou de la Manif pour tous. 

Les membres de l'AFEI décident finalement d'adhérer au Planning Familial 38 pour défendre leurs idées au sein de l'association. D'après eux la prise de position pro-burkini est loin d'être partagée par tous les membres. Ils dénonçent un acte politique et pointent la présidente, Céline Deslattes. Ancienne collaboratrice de Jérôme Safar, elle a quitté le PS et rejoint EELV. 


La position pro burkini du Planning Familial 38


Le communiqué a été rendu public il y a trois jours. D'après le Planning Familial, "ce qui est en jeu" dans l'affaire du burkini, "est bien une discrimination et une stigmatisation à l’encontre d’un groupe de personnes spécifique. La question du maillot de bain et la polémique médiatique montre bien la double oppression que subissent les femmes musulmanes du fait d’islamophobie et du contrôle patriarcal sur les corps."

Autre argument de l'association en faveur du port du burkini, la pudeur. "Si certain.es sont tout à fait à l'aise en tenue de piscine, d'autres sont mal à l'aise en short de bain moulant, ou maillots standards" précise le communiqué. Pour l'association, le réglement intérieur des piscines municipales "impose arbitrairement la forme du maillot en vigueur".

Le Planning Familial 38 se positionne clairement pour l'autorisation du burkini dans toutes les piscines. "Comme nous soutenons le combat de toutes les femmes qui luttent pour l’égalité d’accès au service public et ici aux piscines municipales, nous souhaitons qu’elles, leurs enfants et leurs familles puissent profiter des piscines, avec nous tous.tes. Cette question n’est pas une question territoriale mais bien nationale car si nous voulons l’égalité nous la voulons partout sans distinction." écrit-il. 

D'après le PF38, le maillot de bain couvrant ne pose pas de problème d'hygiène tant qu'il n'est porté qu'à la piscine et composé de matière comme le licra, "compatible avec la pratique de la nage".  

 
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