La mise à pied pour "diffamation" de Klaus Kinzler, enseignant à Sciences Po Grenoble, a conduit le président de Région à suspendre ses financements à l'établissement. Une décision "regrettable" selon la direction qui tient à "rétablir certains faits" ce mardi.
La direction de Sciences Po Grenoble sort du silence après la polémique entraînée par la mise à pied d'un enseignant, Klaus Kinzler, pour "diffamation". Dans un communiqué publié mardi 21 décembre, l'Institut d'études politiques (IEP) réagit à la suspension des financements régionaux annoncée par Laurent Wauquiez lundi soir.
Une décision "regrettable", écrit la direction, selon qui ces dotations consistent "essentiellement en l’attribution de bourses aux étudiants (…) notamment pour faciliter l’accès d’un jeune public éloigné ou empêché à l’enseignement supérieur et à l’emploi."
La Région pointe, elle, la "longue dérive idéologique et communautariste" de Sciences Po Grenoble et les "pressions inadmissibles" dont seraient victimes les "élèves et enseignants qui s’opposent à ce nouveau diktat". Ses financements à l'IEP de Grenoble se portent à environ 100 000 euros par an, hors investissement sur projets, selon l’exécutif.
La direction de l'établissement se défend de ces accusations, estimant qu'elles "n'ont aucun fondement ni réalité dans son fonctionnement". Et d'ajouter que cette suspension des financements semble "motivée par un motif politique, davantage que par la réalité de la situation au sein de l’institution".
Une mise à pied "fondée sur des éléments objectifs"
Elle souhaite par ailleurs "rétablir certains faits" sur cette nouvelle polémique qui l'a projetée sur le devant de la scène médiatique. L'affaire a éclaté à l'annonce de la mise à pied de Klaus Kinzler, professeur d'allemand et de civilisation allemande, pour avoir tenu "des propos diffamatoires" dans les médias.
Dans son arrêté annonçant la suspension de l'enseignant, la directrice Sabine Saurugger évoque de récentes interviews accordées par l'enseignant au site de Marianne et à L’Opinion dans lesquelles il aurait "gravement méconnu à plusieurs obligations", et notamment "porté atteinte à l'intégrité professionnelle de ses collègues de travail". Ce dernier y qualifie l'IEP de "camp de rééducation" où certains professeurs "(remettent) en cause tout le système dans ses bases universalistes, démocratiques, laïques."
La direction estime que sa décision "est scrupuleusement fondée sur des éléments objectifs" et n'a "pas vocation à s’étendre publiquement sur des mesures de nature disciplinaire prises au sein de son établissement à l’égard d’un agent public". Elle regrette toutefois les "attaques et (…) menaces inadmissibles" dont ont été victimes plusieurs enseignants, dont M. Kinzler, ces derniers mois.
Menaces "particulièrement graves"
Deux professeurs de l'IEP avaient été accusés d'islamophobie par un syndicat étudiant au printemps. Et des affiches les visant nommément apposées sur les murs de l'établissement, entraînant l'ouverture d'une enquête judiciaire. A la suite de ces faits, Klaus Kinzler dit avoir été la cible d'injures et de menaces.
Des menaces considérées comme "particulièrement graves" par la direction de Sciences Po Grenoble, et qui sont "le prolongement consternant et imprévisible d’un conflit interpersonnel porté de manière incontrôlée sur la place publique". L'IEP s'engage à mettre en place des mesures pour "prévenir de telles situations à l’avenir et retrouver la pleine sérénité au sein de l’établissement".
D'ici-là, la direction se dit "ouverte au dialogue", notamment avec le président de Région dont elle espère qu’il puisse "revenir sur sa décision dans l’intérêt des étudiants et de la communauté éducative".