Le tribunal de commerce de Grenoble a nommé, ce mercredi, un juge enquêteur qui devra déterminer si l'enseigne Go Sport est en situation de cessation de paiement, comme le craignent ses salariés. Le dossier a été renvoyé au 16 janvier pour un nouvel examen.
Un sursis pour Go Sport. La situation financière de l'enseigne a été étudiée par le tribunal de commerce de Grenoble à l'issue d'une audience qui s'est tenue à huis clos ce lundi. La justice a finalement désigné, mercredi 21 décembre, un juge enquêteur et "sursis à statuer sur l’ouverture d’un redressement judiciaire pour les sociétés Groupe Go Sport et Go Sport France", fait savoir le parquet.
Le juge enquêteur devra déterminer si le groupe basé à Sassenage (Isère) est en situation de cessation de paiement, comme le craignent les représentants des quelque 2 000 salariés de l'enseigne. Celui-ci fera un état des lieux "en associant le cabinet d’audit du conseil social et économique, le cabinet d’audit et les commissaires aux comptes", explique le procureur adjoint François Touret de Coucy.
"Pour le parquet de Grenoble qui a saisi le tribunal, c’est un message de vigilance mais aussi de confiance, qui appelle la mobilisation de tous les acteurs pour sauver l’entreprise", ajoute le magistrat. Ce sont les élus du comité social et économique central (CSEC) de Go Sport et des organisations syndicales - CGT, FO, CFE-CGC, CFTC et CFDT - qui ont demandé, début décembre, la désignation d'un administrateur judiciaire dans le cadre d'une procédure de droit d'alerte économique.
L'affaire renvoyée à mi-janvier
Les commissaires aux comptes de Go Sport, ainsi qu'un expert indépendant mandaté par les élus du CSEC, ont présenté lundi, lors de l'audience, un rapport concluant à l'état de cessation de paiements depuis la période octobre-novembre. Mais la direction du groupe Hermione, People and Brands (HPB), propriétaire de l'enseigne, a riposté avec un autre rapport indépendant, produisant une déclaration de non-cessation de paiements et promettant un retour à une trésorerie positive à très brève échéance.
Au cours de cette même audience, l'attention des dirigeants du groupe HPB "a particulièrement été attirée sur la remontée de 36 millions d’euros de Go Sport vers HPB", précise M. Touret de Coucy. Et l'affaire est loin d'être terminée pour Go Sport. Le dossier a été renvoyé au 16 janvier 2023 pour un nouvel examen devant le tribunal de commerce.
L'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire est donc toujours possible, selon les conclusions du juge enquêteur. "Tout le monde est dans la panique", a indiqué à l'AFP un élu syndical sous couvert d'anonymat. "On a très peu de marchandises en rayon, les fournisseurs ne veulent pas nous fournir."
Les représentants du personnel craignent que les salariés de Go Sport ne subissent le même sort que ceux de Camaïeu, autre filiale du groupe HPB placée en liquidation fin septembre, avec ses 2 100 salariés licenciés.
En perte depuis des années, Go Sport avait été racheté fin 2021 pour un euro symbolique par HPB, détenue par l'investisseur bordelais Michel Ohayon. L'homme d'affaires s'est fait connaître en rachetant de nombreuses enseignes de la distribution, souvent à bas prix ou devant les tribunaux, comme certains magasins Galeries Lafayette en France, La Grande Récré ou encore Gap France.