Le tribunal de commerce de Grenoble, qui a entendu ce lundi 19 décembre les représentants des quelque 2.000 salariés, très inquiets de la situation financière de Go Sport, ainsi que la direction de l'entreprise, a annoncé rendre sa décision ce mercredi.
Ce lundi, le tribunal de commerce de Grenoble se penchait sur la situation financière de Go sport. Le but de cette audience à huis clos était de vérifier que l'entreprise n'est pas en situation de cessation de paiements à brève échéance. "Le tribunal a considéré que la situation était urgente et qu'il fallait agir vite", a expliqué l'avocate du comité social et économique central (CSEC) de Go Sport, Me Evelyn Bledniak, après l'audience.
Comme la chaîne de prêt-à-porter Camaïeu, placée en liquidation fin septembre, avec ses 2.100 salariés licenciés, ses stocks bradés et la marque vendue aux enchères, Go Sport est une filiale du groupe Hermione, People and Brands (HPB), détenue par l'investisseur bordelais Michel Ohayon.
Les commissaires aux comptes de Go Sport, ainsi qu'un expert indépendant mandaté par les élus du CSEC, ont présenté lundi un rapport concluant à l'état de cessation de paiements depuis la période octobre-novembre. La direction de HPB a riposté à l'audience avec un autre rapport indépendant, produisant une déclaration de non-cessation de paiements et promettant un retour à une trésorerie positive à très brève échéance. "Mais ce rapport a été fait sur la base d'informations incomplètes car arrêtées à fin novembre et la question c'est : et aujourd'hui?", s'est interrogée Me Bledniak, tandis que les représentants d'HPB se refusaient à tout commentaire.
Quelles possibilités ?
Si la cessation de paiements est caractérisée, une procédure de redressement judiciaire sera ouverte. La société HPB avait, de son côté, demandé une procédure de conciliation, plus confidentielle et qui lui aurait permis de choisir elle-même son conciliateur. Le groupe a d'ailleurs fait part, lors de l'audience, de sa volonté de céder Go Sport si une conciliation était ouverte.
Les salariés, eux, espèrent sauver leur entreprise. "Une cession est toujours inquiétante, parce qu'il peut y avoir un plan social, des fermetures de magasins. Nous, nous sommes là pour préserver les 2.160 salariés de Go Sport", affirme Christophe Lavalle, délégué Force ouvrière et membre du CSEC, avant d'ajouter : "Si on est là, c'est qu'on y croit encore, on a de l'espoir et on aime notre entreprise", a affirmé Laurence Labaurie, également du CSEC (FO).
Des procédures d'alerte économique avaient été lancées en octobre par les commissaires aux comptes et par le CSEC, inquiétés par le sort de Camaïeu.
"On fait confiance à la justice"
Les élus du CSEC ont également découvert que des remontées d'argent, pour un montant estimé à 36,3 millions d'euros, avaient été effectuées sur la trésorerie de Go Sport vers HPB, selon le rapport d'expert remis lundi au tribunal de commerce : "On attend et on fait confiance à la justice", ont affirmé plusieurs élus du CSEC après l'audience, excluant de se lancer dans une grève "qui pénaliserait l'entreprise". "La situation reste inquiétante pour nous, mais nous avons été entendus. Nous ne voulons pas finir comme Camaïeu", dit Christophe Lavalle.
En perte depuis des années, Go Sport, fondé en 1978 et basé à Sassenage en Isère, avait été racheté fin 2021 pour un euro symbolique par HPB auprès de la maison mère du groupe de distribution alimentaire Casino, la société Rallye, elle-même lourdement endettée.
L'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon est également présent dans l'hôtellerie de luxe (Grand Hôtel de Bordeaux, Waldorf Astoria Trianon Palace Versailles) et le vin. Il s'est fait connaître ces dernières années en rachetant de nombreuses enseignes de la distribution, souvent à bas prix ou devant les tribunaux : Go Sport, Camaieu mais aussi certains magasins Galeries Lafayette en France, La Grande Récré, Gap France ou encore Café Légal.