La direction de Go Sport est convoquée, ce lundi 19 décembre, à une audience devant le tribunal de commerce de Grenoble pour faire la lumière sur sa situation financière. Cette audience fait suite à d'importantes inquiétudes de la part des représentants des salariés de la chaîne de magasins de sport.
La justice doit se pencher, ce lundi 19 décembre, sur la situation financière de Go Sport qui inquiète vivement les représentants des quelque 2 000 salariés de la chaîne de magasins de sport. Sa maison mère, elle, se veut rassurante.
Une audience est prévue à 9 heures devant le tribunal de commerce de Grenoble. Objectif : vérifier que l'entreprise ne sera pas en cessation de paiements à brève échéance. "Go Sport n'est pas en état de cessation de paiement", avait assuré début décembre le groupe Hermione, People and Brands (HPB), sa maison mère.
Et pourtant, les alertes se multiplient. Les élus du comité social et économique (CSE) et les organisations syndicales CGT, FO, CFE-CGC, CFTC et CFDT ont ainsi demandé début décembre la désignation d'un administrateur judiciaire dans le cadre d'une procédure de droit d'alerte économique.
Une procédure de conciliation
Lors d'une première audience réunie mardi dernier à la suite de cette assignation du CSE, HPB "a émis le souhait de solliciter l'ouverture d'une procédure de conciliation", a expliqué la CGT vendredi dans un communiqué. La conciliation permet à une entreprise en difficulté de négocier avec ses créanciers de façon confidentielle, sous l'égide d'un conciliateur désigné par le président du tribunal de commerce.
La décision sur cette procédure distincte de celle de lundi, sera rendue le 27 décembre, selon une source syndicale.
HPB est la branche distribution de la Financière immobilière bordelaise (FIB), un fonds d'investissement de l'homme d'affaires Michel Ohayon. Contacté par l'AFP, le groupe n'a pas souhaité communiquer avant l'audience de lundi.
"Panique"
Selon la CGT, les commissaires aux comptes ont "refusé de valider les données financières" de Go Sport lors d'une assemblée générale "tout en stipulant l'état de cessation de paiement depuis les mois d'octobre et novembre".
"Tout le monde est dans la panique", a indiqué à l'AFP un élu syndical sous couvert d'anonymat. "On a très peu de marchandises en rayon, les fournisseurs ne veulent pas nous fournir." Les représentants des employés redoutent que les "plus de 2.000 salariés de Go Sport" ne "subi(ssent) le sort des salariés de Camaieu", l'enseigne de prêt-à-porter liquidée fin septembre et également propriété de HPB, selon une déclaration transmise à l'AFP début décembre.
Aucun amalgame ne doit être fait entre Camaieu et Go Sport"
HPB
Le groupe avait tenté de rassurer dans la foulée. "Go Sport a honoré plus de 70 millions d'euros de charges exceptionnelles" mais "ces charges ne pèseront plus en 2023, ce qui permettra de retrouver des capacités d'investissement et un retour au bénéfice après des années de perte", avait assuré HPB.
"Aucun amalgame ne doit être fait entre Camaieu et Go Sport", une "entreprise saine", selon l'actionnaire, qui affirme que la requête du procureur de la République "est fondée sur des informations erronées en cours de rectification".
En perte depuis des années, Go Sport, fondé en 1978 et basé à Sassenage dans l'Isère, avait été racheté fin 2021 pour un euro symbolique par HPB auprès de la maison mère du groupe de distribution alimentaire Casino, la société Rallye, elle-même lourdement endettée.
L'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon est également présent dans l'hôtellerie de luxe (Grand Hôtel de Bordeaux, Waldorf Astoria Trianon Palace Versailles) et le vin. Il s'est fait connaître ces dernières années en rachetant de nombreuses enseignes de la distribution, souvent à bas prix ou devant les tribunaux : Go Sport, Camaieu mais aussi certains magasins Galeries Lafayette en France, La Grande Récré, Gap France ou encore Café Légal.