Tous les quinze jours à Grenoble, près de 600 étudiants se fournissent en nourriture et en produits de première nécessité. L’association Génération précarité a été créée pour la période du confinement en 2019, mais n’a jamais cessé de travaillé depuis. Le profil des étudiants a même évolué.
Sur le campus de Saint-Martin-d'Hères, la file est impressionnante. Ils sont désormais des centaines à venir très régulièrement au point de distribution de nourriture et de produits de première nécessité, comme Azilis, étudiante en sciences de l’éducation. Elle vit avec près de 500 euros par mois grâce à une bourse et son travail de baby-sitter. Tous les quinze jours, elle bénéficie de ces distributions alimentaires, gratuites et ouvertes à tous.
"Ces distributions me permettent surtout d'économiser un peu pour acheter autre chose. Quand on fait attention à tout, économiser sur un paquet de pâtes, ça veut dire un petit carré de chocolat en plus par exemple", confie l'étudiante. "Ca n'a l'air de rien, mais c'est très important quand on a de faibles revenus, et qu'on ne peut rien s'offrir", explique-t-elle, alors même qu'elle travaille pour financer ses études, et que ses parents l'aident comme ils peuvent financièrement.
Pour d’autres, il faut tout simplement faire des choix :
Soit on a du chauffage, soit on se nourrit.
Ana Robert, étudiante en grande précarité
Tous les quinze jours près de 600 étudiants se fournissent en nourriture et produits de première nécessité. L’association Génération précarité a été créée pour la période du confinement en 2019, mais n’a jamais cessé de travaillé depuis.
Le profil des étudiants a même évolué : "Quand on a commencé, ils étaient bien moins nombreux, mais au fil du temps, c'est devenu comme une routine dans la vie étudiante. Nous avions au tout début surtout des jeunes étrangers, mais désormais, les Français sont tout aussi nombreux ", constate Malo Warin, étudiant et bénévole de l’association.
Deux étudiants sur trois en extrême précarité
Difficile pour tous ces étudiants de poursuivre sereinement leurs études, et d'envisager avec confiance leur avenir.
"Il faut absolument trouver une solution pour cette génération", réaffirme Elisa Martin, députée de l'Isère venue jeudi 1er décembre rendre visite à l'association avec d'autres élus de la NUPES.
Si face à l’inflation le gouvernement a annoncé le déblocage de 10 millions d’euros de crédits d’aide alimentaire, ces élus plaident en faveur d'une allocation d’autonomie. Cette allocation d'étude pourrait se monter à 1000 euros par mois pour les jeunes dans l'enseignement supérieur. Une proposition de loi pas encore débattue à l’Assemblée nationale.
Selon l'édition 2022 de l'étude Précarités étudiantes : deux ans après rien n'a changé, publiée par l'association de lutte contre le gaspillage alimentaire Linkee, deux étudiants sur trois sont en situation d'extrême précarité. Car une fois toutes leurs factures payées (logement, charges, abonnement de transport, internet et téléphonie), il leur reste moins de 50 euros pour subvenir à leurs besoins.
"L'alimentation est devenue la première variable d'ajustement pour boucler les fins de mois", selon l'association Linkee, qui assure que 97 % des étudiants se restreignent sur la quantité et la qualité de leur alimentation.