Grenoble : communauté arménienne et métropole se mobilisent en faveur des réfugiés du Haut-Karabagh

Pour venir en aide aux 90 000 Arméniens fuyant le Haut-Karabagh, la communauté arménienne de Grenoble organise une collecte de dons, à laquelle a abondé la métropole. Toutes deux demandent à l'Etat français de reconnaître la République du Haut-Karabagh, afin de garantir la sécurité de sa population.

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Historiquement alliée de l'Arménie, la France, par l'intermédiaire de sa communauté arménienne, est largement secouée par le conflit au Haut-Karabagh – Artsakh en arménien. Une guerre d'une quarantaine de jours, initiée le 27 septembre, qui a causé la mort d'environ 5 000 personnes, dont beaucoup de civils, et jeté sur les routes de l'exil 60% de la population arménienne vivant dans ce territoire – rattaché en 1921 à l'Azerbaïdjan et autoproclamé république indépendante en 1991 – soit environ 90 000 personnes.
 
Pour apporter une aide matérielle aux réfugiés de l'Artsakh, la communauté grenobloise a lancé un appel aux dons. Vêtements chauds et chaussures d'hivers sont particulièrement demandés. Trois tonnes de dons ont déjà été récoltées et devraient partir prochainement pour l'Arménie, où affluent les réfugiés. 
 
Face à cette situation, la métropole de Grenoble a choisi, vendredi 20 novembre en séance plénière, d'offrir une aide humanitaire de 20 000 euros. Mais plus que cette apport financier, la communauté arménienne souhaiterait que la France reconnaisse le Haut-Karabagh en tant qu'Etat indépendant, afin que ce territoire puisse bénéficier de la protection des Nations Unies.

Partout en France, des voeux de reconnaissance de la République d'Artsakh en tant qu'Etat

"Vendredi, la métropole a voté le vœu d’une reconnaissance de la République d’Artsakh, explique Anahide Mardirossian, conseillère métropolitaine. La métropole de Grenoble rejoint un certain nombre de territoires et de communes qui ont voté des vœux dans ce sens [dont, entre autres, Paris, Vienne ou encore Valence, ndlr]. L’idée, c’est de pousser le gouvernement à reconnaitre cette République pour que les Arméniens puissent vivre en paix. C’est une action indispensable pour que les massacres s’arrêtent."
Avec l'appui de la Russie, un cessez-le-feu a été bien déclaré le 10 novembre, mettant fin aux affrontements entre communauté arménienne et alliance azerbaïdjano-turque, au Haut-Karabagh. Mais l'avenir de ce peuple dont le territoire se trouve sur le chemin des rêves d'expansion du président turc, Edorgan, reste incertain. 

Et pour la population arménienne vivant en Artsakh, la situation n'est plus tenable. "Chaque jour, on voit de nouveaux cas de tortures, raconte Inna Balasanyan, administratrice de la maison de la culture arménienne de Grenoble et du Dauphiné, dont les amis vivant au Haut-Karabagh lui relatent régulièrement la situation. L’armée utilise des armes interdites par la communauté internationale. Les gens qui vont revenir vivre dans leur maison ne seront jamais en sécurité."


"Tant qu'Erdogan sera au pouvoir, on aura peur"

Daniel Marandjan, président de la maison de la culture arménienne de Grenoble et du Dauphiné, est lui aussi très inquiet : "On craint qu’on en arrive au projet d’Erdogan, qui veut une grande nation turque allant de la mer Méditerranée à la mer Noire et à la mer Caspienne. Et dans quelques années, peut être, après avoir pris le bout qu’il reste de l’Artsakh aujourd’hui, il attaquera l’Arménie. Erdogan a toujours souhaité récupérer ce territoire. Tant qu’il sera au pouvoir, on aura peur."

Environ 2 000 soldats russes seraient actuellement chargés de maintenir la paix sur ce territoire transcaucasien. Trop peu, pour Inna Balasanyan. "Les militaires ne vont pas vraiment pouvoir contrôler tout le territoire. Bien sûr que le cessez-le-feu, c’est bien : on ne veut plus perdre des jeunes de 18 ans, assure la Grenobloise. Mais dans la durée, ça ne va pas aider autant qu’attendu. La seule solution, c’est la reconnaissance d’Artsakh en tant qu'Etat, et je compte beaucoup sur la France pour ça."

Mercredi 25 novembre, une résolution sera déposée au Sénat pour demander la reconnaissance de la République du Haut-Karabagh en tant qu'Etat dans le but de permettre, peut-être, l'intervention des Nations Unies sur ce territoire. Jusqu'ici, la France est demeurée sourde à cet appel. 
 
 
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