Quelques étudiants de l'université de Grenoble sont retournés à l'université mercredi pour passer leurs examens du semestre. Pour eux, les cours sont organisés à distance depuis le deuxième confinement.
Le campus de l'université Grenoble-Alpes demeure presque désert pour cause de crise sanitaire. Les cours n'ont pas repris en présentiel depuis les vacances de la Toussaint, lorsque le second confinement a commencé pour endiguer l'épidémie de Covid-19. Après des mois de cours à distance, une poignée d'étudiants se sont retrouvés mercredi 6 janvier sur le site de Saint-Martin-d'Hères (Isère) pour les examens semestriels. Mais la joie des retrouvailles a été ternie par le contexte morose.
"Ce qui est énervant, c'est qu'on nous a lâchés à la maison pour tous nos cours. Par contre, pour les partiels, il faut absolument être là donc ce n'est pas très juste, juge une étudiante. Ce n'est pas forcément le fait de revenir pour les partiels qui nous dérange, c'est de ne pas pouvoir être là pour les cours. C'est agréable de venir à la fac, se retrouver et voir les profs en vrai."
Les étudiants souffrent financièrement et moralement. La crise sanitaire leur a fait perdre nombre de petits boulots et les prive de leurs professeurs, de leurs camarades. Se retrouver juste le temps d'une pause devient un moment rare et précieux. Lélia Teyssier-Berthier, étudiante en deuxième année de sciences humaines appliquées, est venue réviser à la bibliothèque universitaire pour rompre la solitude.
"Ça fait deux mois que je suis enfermée chez moi, je n'ai plus aucune motivation pour les cours. Je ne trouve pas d'intérêt à écouter parler un professeur sur Zoom pendant deux heures, je lâche complètement alors que j'étais passionnée par mes études avant de tomber là-dedans", déplore la jeune femme. Ses amis, ses profs lui manquent trop. Sa motivation en souffre de plus en plus, à tel point qu'elle envisage d'interrompre ses études.
"Je pense que si la fac ne rouvre pas au second semestre, je ferais une interruption d'études. Même travailler me manque, faire quelque chose de ma vie, sortir de chez moi. Je n'ai plus du tout de motivation à travailler, ce qui n'était jamais arrivé depuis que j'étais sur le campus", complète Lélia.
Conditions de travail compliquées
La faculté de droit, l'une des plus grosses composantes du campus grenoblois avec ses quelque 4 000 étudiants, ne déplore pas pour autant d'absentéisme aux examens. Comme si ses étudiants voulaient valider à tout prix un premier semestre si durement acquis. "C'est tout à fait normal que les étudiants ressentent un malaise, estime le doyen de la fac de droit, Jean-Christophe Videlin. Il n'est pas normal de travailler à domicile et nous-mêmes [les enseignants, NDLR] ne sommes pas particulièrement heureux."
Les étudiants étrangers, loin de leur famille, sont sans doute ceux qui souffrent le plus de l'isolement. Dès jeudi, juste après son dernier examen, Daniel retournera en Egypte pour se ressourcer et retrouver ses proches. "Pendant le premier confinement, j'étais tout seul, enfermé pendant plus d'un mois avec le stress des examens. C'était très compliqué", se rappelle-t-il. "Mes parents me manquent beaucoup. Et comme les cours sont à distance, je ne vois pas l'intérêt de rester enfermé ici."
Les universités ont pu rouvrir partiellement le 4 janvier pour accueillir "les étudiants les plus fragiles", scolarisés en première année de licence ou en situation de handicap. Mais pour les autres, les cours se poursuivent à distance, sans date de retour annoncée. Le Premier ministre Jean Castex pourrait s'exprimer à ce sujet dans son allocution jeudi.