Un homme a été condamné à deux ans de prison ferme au tribunal correctionnel de Grenoble pour détention d'images pédopornographiques. Il était également soupçonné d'avoir commandé des vidéos de viols de mineurs mais avais bénéficié d'un non-lieu, faute de coopération avec la justice philippine.
C’est une histoire qui débute aux Philippines et qui se termine au tribunal de Grenoble. Un homme de 73 ans a été condamné ce vendredi à deux ans de prison ferme pour détention d’images pédopornographiques.
L’homme était soupçonné d’avoir commandé au Philippines des vidéos de tortures et de viols de mineurs pour assouvir des pulsions morbides. Le FBI avait commencé à enquêter sur ce réseau international de "snuff movies", des longs-métrages montrant des actes de barbarie et partagés clandestinement.
Après le signalement de Yahoo! sur l'existence de ce réseau, le FBI avait informé la police française, qui avait remonté la filière jusqu’à un Grenoblois à la retraite.
Les enquêteurs avaient alors réalisé que cet homme faisait déjà l'objet d'un mandat d'arrêt prononcé par le tribunal correctionnel de Valence. Selon France Bleu Isère, il avait été condamné à trois ans d'emprisonnement pour agression sexuelle sur mineur et détention de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique.
L’homme avait été mis en examen en octobre 2016 pour "complicité de viols sur mineurs avec actes de torture et de barbarie, association de malfaiteur", des crimes passibles de la cour d'assises.
Mais le septuagénaire, qui souffre de Parkison, comparaissait finalement ce vendredi en correctionnelle pour détention d'images pédopornographiques, un délit passible de deux ans d'emprisonnement.
Pas de preuve établie sur la commande de "snuff movie"
Entre-temps, un non-lieu a en effet été prononcé au sujet de la commande de films de ce genre, puisque l’instruction, menée sans demande de coopération des Philippines, n'avait pas pu établir de preuves sur la commission de ces faits, ni d'une éventuelle complicité.
Durant le procès, la présidente du tribunal de Grenoble, Catherine Lanza-Perret a rappelé cependant que "des échanges de messages extrêmement ambigus" sur la messagerie du prévenu, avaient été retrouvés.
Pour ce qui est des images pédopornographiques, les enquêteurs ont retrouvé 1 429 photos ou "vignettes", des vidéos "téléchargées, visionnées et stockées" sur son ordinateur. Le retraité avait trouvé ces contenus sur le darknet.
Une photo particulièrement intrigante
Au cours du procès, le prévenu a reconnu être "malade dans sa tête", souffrir "addiction" et être "intéressé par les mineurs". Il a aussi évoqué le piratage possible de sa box internet.
Sur son téléphone, les enquêteurs ont également retrouvé une photo d’une jeune fille enchaînée par les poignets, accompagnée d’un homme qui ressemblait fortement au prévenu, selon la présidente. Le septuagénaire a cependant nié qu’il s’agissait de lui et aucune expertise n’a été menée pour vérifier ses propos.
Un traitement lourd contre Parkison
Dans son réquisitoire, le procureur Olivier Nagabbo a tenu compte d'une possible altération du discernement, liée à la dopamine, prise dans le cadre de son traitement contre Parkinson. Selon une expertise psychiatrique, ce traitement peut favorise une "hypersexualité".
Le procureur a réclamé 18 mois de prison pour le prévenu, sans confusion avec la peine de trois ans qu'il purge actuellement, en raison du risque de récidive.
L’homme avait déjà été condamné en 1995, en Guadeloupe, à trois ans de prison pour "attentat à la pudeur". Il a finalement été condamné ce vendredi à deux ans de prison et 10 ans de suivi socio-judiciaire et injonction de soins.