Une banderole, accrochée sur le fronton de la mairie de Grenoble et indiquant que la ville "s’engage contre la retraite à 64 ans" devra être décrochée, sur décision du tribunal administratif.
La justice vient de trancher. La Ville de Grenoble a l'obligation de retirer une banderole, affichée sur le fronton de la mairie de Grenoble sur laquelle est inscrit : "Grenoble s’engage contre la retraite à 64 ans". Selon la municipalité, l'installation de cette banderole "faisait suite à un vœu du Conseil municipal demandant notamment au gouvernement de renoncer à sa proposition de réforme, le 13 mars dernier".
Cette décision est une "victoire" pour Emilie Chalas, présidente du groupe d'opposition "Nouveau Regard", qui avait déposé un recours en annulation ainsi qu'un référé suspension auprès du tribunal administratif.
"La neutralité des édifices publics et des services publics a gagné en procédure de référé !", se félicite Emilie Chalas. "On peut être pour ou contre cette réforme des retraites" ajoute l’élue, "mais la mairie représente l’ensemble des habitants et n’a pas à faire de politique nationale et afficher des positions politiques qui ne relèvent pas de ses compétences".
En effet, le juge a estimé que "le principe de neutralité des services publics s'oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques" et "enjoint la commune de Grenoble de procéder" au retrait de la banderole "dans le délai de 24 heures".
Emilie Chalas se dit "satisfaite", dénonçant un maire, Eric Piolle, "sans cesse dans la provocation".
"Ces deux ans de plus restent deux ans de trop"
De son côté, la Ville de Grenoble, a réagi via un communiqué et dit prendre "acte de cette
décision en référé et se défendra au fond".
Pierre Mériaux, adjoint au Personnel, au Dialogue social et à l’Immobilier municipal, déclare dans cette même lettre : "La réforme des retraites imposée par le gouvernement est injuste, sexiste, à contre-sens de l’histoire. (...) Mais cette réforme aurait aussi un coût très élevé pour les employeurs : à la Ville de Grenoble, nous comptons environ 4000 agent-es. Parmi eux, les agent-es agé-es de 60 ans et plus sont 24% plus malades que la moyenne, 80% plus susceptibles d’avoir des accidents du travail, et 231% en maladie longue durée ! Déjà 15,75% des agents partant en retraite depuis 2020 le font pour invalidité, avec une carrière souvent incomplète, donc une pension minorée."
C’est pourquoi nous maintenons, comme 70% de Français-es et 92% des actifs et actives, que ces 2 ans de plus restent 2 ans de trop.
Pierre Mériaux, adjoint au Personnel, au Dialogue social et à l’Immobilier municipal (Ville de Grenoble)Via un communiqué.
L'élu interpelle également Emilie Chalas : "Quand une représentante du parti présidentiel s’échine à faire retirer un affichage rappelant notre devoir de solidarité, nous soulignons que les inégalités se creusent, plongeant toujours un peu plus de Français-es dans la précarité et la misère. Qu’attend le gouvernement pour écouter la population, au lieu d’essayer de la faire taire par tous les
moyens à sa disposition ?"
En attendant que le tribunal administratif statue sur le fond, la Mairie de Grenoble a un délai maximum de 24 heures pour retirer cette banderole, à compter de la notification de cette décision de justice.