Une équipe de scientifiques internationaux vient de révéler l'identité d'un fossile mystérieux découvert en Italie grâce au synchrotron de Grenoble. Il s'agit d'un fossile d'Acinonyx pardinensis, un félin d'1,5 millions d'années.
Le synchrotron de Grenoble a encore permis de faire une belle découverte. L'équipement installé entre Drac et Isère a été essentiel pour révéler les secrets d'un fossile découvert en Italie. Grâce à ses rayons X, les scientifiques ont pu extraire virtuellement le fossile de sa roche et découvrir ainsi l'anatomie de l'animal emprisonné dans la pierre sans l'endommager.
Le fossile avait été découvert en Toscane, en Italie, au début du XXème siècle. Il aura donc fallu un siècle pour découvrir de quel animal il s'agit. Réponse : un félin appelé Acinonyx pardinensis, l'un des carnivores éteints les plus intrigants de la période du Plio-Péistocène, il y a 1,5 millions d'années. Ce félin vivait donc à la même époque que les ours étrusques, les tigres aux dents de sabre et même, des mammouths !
Un félin entre le jaguar et le léopard
"Les images 3D haute résolution obtenues ont permis de révéler des caractéristiques anatomiques totalement cachées, y compris des sutures entre les os du palais et la morphologie complète des dents. Autant d’éléments qui ont permis de relier le crâne de ce félin mystérieux à l'espèce Acinonyx pardinensis, ce guépard géant du Plio-Pléistocène", explique Vincent Fernandez, paléontologue ESRF.
L'acinonyx pardinensis ressemble à un guépard moderne : il a le museau court, les dents prémolaires et molaires pointues, le corps allongé avec de longs membres et une longue queue. Mais d'autres de ses caractéristiques, comme sa grande taille, et son poids, environ 80 kg, ou encore la forme de son cerveau le rapprochent plutôt d'autres félins comme le jaguar.
Il devait ressembler plus ou moins à cela :
Ce félin devait donc être l'un des principaux prédateurs de son époque avec les tigres à dents de sabres et les hyènes géantes. Il devait être capable de faire tomber de grands herbivores à l'image des lions ou des jaguars aujourd'hui.
Des femelles plus petites que les mâles
Outre le fait d'avoir révéler les secrets d'un fossile, cette découverte permet d'en savoir plus sur cette espèce disparue. "L'étude a été le point de départ d'un réexamen de l'ensemble de l’espèce A. pardinensis dans l’Ancien Monde. Nous avons découvert que, indépendamment de l'âge des différents sites géologiques (l'espèce a habité l'Eurasie et l'Afrique du Nord pendant plus de 2 millions d'années), il y avait une grande variation de taille corporelle entre individus", explique Marco Cherin, auteur principal de la publication. "Ceci s’explique si nous partons du principe que A. pardinensis, comme tous les grands félins existants, était caractérisé par un dimorphisme sexuel, c’est-à-dire que les mâles sont plus gros et plus trapus que les femelles."
Une utilisation inédite du synchrotron
Alors que le synchrotron est régulièrement utilisé pour étudier les fossiles de gros animaux comme les hominidés ou les dinosaures, c'est le première fois qu'il est utiliser pour scanner un fossile de ce genre.
"Imager des fossiles de cette grande taille est devenu une ‘marque de fabrique’ de l'ESRF. Les rayons X générés ici nous permettent de résoudre des problèmes techniques et d'obtenir des informations qui seraient très difficiles à obtenir ailleurs", ajoute Vincent Fernandez.