Guy et Monique Delpal dénoncent les conditions de détention de leur fils Philippe, incarcéré en Russie depuis février. Les retraités grenoblois assurent que "les droits de l'Homme ne sont pas respectés" dans cette affaire de fraude.
Philippe Delpal, père de deux filles de 14 et 17 ans, est un banquier français incarcéré en Russie depuis février dans une affaire de fraude. Depuis Grenoble, ses parents font part de leurs inquiétudes après la prolongation de sa détention provisoire jusqu'en octobre. Selon eux, leur fils est "innocent et n'a rien à voir dans cette affaire".
Le mis en cause, directeur financier du fonds d'investissement Baring Vostok, a été arrêté avec le cofondateur américain du fonds Michael Calvey et quatre Russes. Guy et Monique Delpal, 75 et 74 ans, ingénieur et enseignante retraités à Grenoble, ont estimé mardi que "cette affaire ne devrait pas être devant la justice pénale, puisque c'est un litige entre deux établissements financiers, qui doit se traiter devant des instances d'arbitrage".
Ils soulignent "une inégalité de traitement" avec Michael Calvey, qui bénéficie de la résidence surveillée. Leur belle-fille a acheté un studio pouvant accueillir Philippe Delpal pour une mesure similaire, mais il reste incarcéré.
Pour eux, "les droits de l'Homme ne sont pas respectés" : leur fils n'a aucun droit de visite, et sa correspondance n'est pas libre. "La lettre de fête des Mères est arrivée ce mois-ci", déplorent-ils. Enfin "les droits de la défense ne sont pas assurés", dénonce le couple, avec des décisions connues avant même les audiences et un gros problème d'interprète.
"Les autorités françaises semblent bouger"
Ils reconnaissent cependant "qu'aujourd'hui, les autorités françaises semblent bouger", relevant que l'ambassadeur de France en Russie Sylvie Bermann a assisté à l'audience la semaine dernière. Le Premier ministre et la Présidence de la République leur ont écrit les 27 mai et 17 juin, des lettres dans lesquelles on leur assure que chaque occasion bilatérale est saisie pour défendre la cause de Philippe Delpal.
Une source diplomatique française l'a également dit mardi, en marge de la visite du Président Emmanuel Macron en Serbie. Les parents redoutent cependant une manipulation du dossier par le FSB, successeur du KGB, dont le plaignant serait proche.
Philippe Delpal, père de deux filles de 14 et 17 ans, a maigri, n'a qu'une douche hebdomadaire et une heure de promenade quotidienne "dans une cour toute petite", mais son employeur fait livrer ses repas, indiquent ses parents. "On voudrait bien que ça se termine", souffle Monique Delpal.