Le cabinet grenoblois Médecins 7/7 a suspendu toute activité médicale depuis le début du mois. Ses statuts juridiques ne lui permettent pas de toucher des aides publiques, selon les autorités sanitaires. Une pétition largement relayée a été mise en ligne pour qu'il maintienne son activité.
La file d'attente s'amenuise pas devant le cabinet Médecins 7/7, cours Jean-Jaurès à Grenoble. Des dizaines de patients s'y présentent chaque jour pour se faire dépister au Covid-19, la seule activité désormais pratiquée dans ce cabinet de soins non programmés. Il a été contraint de suspendre son activité le 5 octobre et ne reçoit plus aucune aide pour son fonctionnement en raison de son modèle juridique remis en question par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) et l'Agence régionale de santé (ARS). La fondatrice du cabinet ne décolère pas.
"SOS Médecins a créé un cabinet qui est équivalent à celui-ci. Or, aujourd'hui notre situation est très simple, c'est qu'il n'y a pas un traitement équitable pour cette société comme SOS Médecins alors qu'elle est tout aussi légale puisqu'elle a été validée par le Conseil de l'ordre (des médecins, NDLR) depuis son existence et que tout est fait de façon réglementaire", juge le docteur Agnès Capéran.
Face à cette situation qu'ils qualifient de "préoccupante", des patients se sont mobilisés, lançant notamment une pétition en ligne adressée au ministre de la Santé et ancien député de l'Isère Olivier Véran. "Les offres de soin se tarissent [à Grenoble, NDLR], les médecins généralistes sont de moins en moins nombreux et prennent de moins en moins de nouveaux patients, et les délais de rendez-vous avec les spécialistes s’allongent dramatiquement", peut-on lire dans ce document.
200 patients par jour
Les signataires s'inquiètent des répercussions engendrées par une éventuelle fermeture définitive du cabinet, craignant qu'un afflux de patients contribue à engorger les urgences du CHU Grenoble-Alpes. La pétition a recueilli près de 4 000 signatures au vendredi 23 octobre, et la mobilisation ne faiblit pas. A l'origine de ce mouvement, un chef d'entreprise de la région qui a pris en charge la défense médiatique du cabinet.
"La première brique de cette communication, ça a été la pétition, raconte Antoine De Dereck qui a mis ce document en ligne. Ensuite, on a été relayés par quelques médias et on a communiqué avec les équipes municipales, avec les députés aussi (...) qui aujourd'hui se sont saisis du dossier et qui essayent de trouver des solutions à la problématique de la fermeture du cabinet."
Le cabinet Médecins 7/7 dispense des soins à près de 200 patients par jour depuis 2007, soit quelque 50 000 personnes par an. Contrainte à une suspension provisoire de son activité, le Dr Capéran espère une issue heureuse à ce qu'elle appelle un malentendu. "On a une période de parenthèse où on a demandé à un mandataire de nous aider dans une requête en conciliation pour essayer de trouver des solutions et aller vers un plan de continuation. Donc on a tout arrêté en attendant de trouver des solutions et si on ne les trouve pas, ça sera la fermeture", prévient-elle. Contactée, l'ARS reconnaît le service rendu par le cabinet mais souligne que sa structure juridique ne lui permet pas de bénéficier d'aides publiques.