Des manifestants écologistes montés sur vélos se sont rassemblés à 17 heures ce mercredi 17 juin à Grenoble, pour demander aux gouvernants d'utiliser le déconfinement comme un élan vers un nouveau monde écologique et sociale.
A Grenoble, la "vélorution" est en marche... Ou plutôt en route. Ce mercredi 17 juin, en réponse à un appel à l'échelle nationale demandant d'"agir contre la réintoxication du monde" après le confinement, de nombreux "vélorutionnaires" ont enfourché leurs bicyclettes pour manifester entre la caserne de Bonne et la friche Neyrpic.
Dans un texte publié sur le blog de Médiapart en mai dernier, plusieurs collectifs (dont Youth For Climate, Extinction Rebellion et Attac) dressent un bilan écologique du confinement :
De manière inédite dans le capitalocène, les gaz à effet de serre ont diminué partout ou à peu près. Des pans de mers, de terres ont commencé doucement à se désintoxiquer, tout comme l'air des villes suffoquées de pollution. Les oiseaux sont revenus chanter.
/regions/2020/06/17/5eea6753dfcba_103725739_154809292755227_7615056774310367072_o-4882126.jpg)
Pour sauver la planète, "on sait depuis longtemps qu'il faut arrêter la machine économique dans son modèle actuel", explique William d'Action Neyrpic. Ce collectif se bat contre la réalisation d'un centre commecial sur une friche industrielle à Saint-Martin d'Hères et fait partie des organisateurs de la "vélorution" grenobloise.
"On pensait que c'était impossible, mais la machine s'est arrêtée"
Or, selon lui, "on pensait que c'était impossible mais la machine s'est arrêtée durant le confinement". De quoi susciter de belles espérances dans le camp des écologistes. Le Haut Conseil au Climat a ainsi engagé Emmanuel Macron à s'appuyer sur la crise sanitaire pour réinventer l'économie française, en misant sur le vert.
Pourtant, à en croire William, "nos élites, loin de profiter de ce moment pour se remettre en question ou permettre un processus de refonte, font repartir de plus belle tout ce qui fait que notre monde va mal".
Lors de son allocution du 14 juin, le président de la République Emmanuel Macron a dit vouloir "réconcilier production et climat", tout en affirmant qu'il faudra relever l'économie par le fait "de travailler, produire davantage".
Une promesse timide qui ne convainc pas William, pour qui "on va déjà dans le mauvais sens, alors que les élites veulent de relancer l'extraction, les industries polluantes de l'automobile et de l'aviation, et une mine d'or en Guyane."
"Que chacun puisse agir"
La "vélorution" défend aussi des intérêts écologiques et de démocratie au niveau local, comme l'explique William :
On a choisi de mettre en lumière la question de l'aménagement du territoire. On est toujours mis devant le fait accompli des décisions. On axe nos revendications contre trois projets : le centre commercial Neyrpic, l'élargissement de l'A480 et la destruction des jardins de la Buisserate à Saint-Martin-le-Vinoux.
/regions/2020/06/18/5eeb923ca2fdb_9_15-4883938.jpg)
Pour lui, cet appel du 17 juin a pour objectif "d'inciter de plus en plus de personnes à s'organiser ensemble pour agir et se sortir des logiques nocives de l'ancien monde". En somme, pour les écologistes, à bas les instincts individuels, l'heure est à l'engagement collectif.
D'autant plus que, pour William d'Action Neyrpic, l'heure est à une "refonte totale du système" :
Les lobbys polluants ont des moyens, pour décrocher des contrats et changer des lois, que nous n'avons pas. Ce qu'il faut faire, c'est démanteler les institutions et les reconstruire tous ensemble. Les reformes se suffisent plus.
A l'heure où l'écologie est devenue tendance chez les politiques de tous bords, les militants ne veulent pas "laisser les élites de l'ancien monde nous dire comment construire le nouveau".
