Des militants anti-chasse dénoncent des agressions par des chasseurs en forêt d'Orléans, ces derniers réfutent les accusations

Les membres de l'association Nos Viventia et d'AVA France, parmi lesquels le naturaliste Pierre Rigaux, dénoncent plusieurs agressions physiques et verbales de la part de chasseurs à courre en forêt d'Orléans, le 23 novembre dernier. Les militants annoncent porter plainte. De leur côté, les responsables de chasse à courre interrogés pointent des provocations et indiquent "ne pas avoir vu d'agression".

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Un nouvel incident entre chasseurs et militants anti-chasse en forêt d'Orléans. Ce samedi 23 novembre, des militants de l'association AVA France et de Nos Viventia – dont le naturaliste Pierre Rigaux – venus "montrer la face cachée de la chasse à courre" ont subi la colère des chasseurs. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux du naturaliste montre des chasseurs à courre en venir aux mains avec Pierre Rigaux, dès le matin et l'ouverture de la chasse. "On ne leur parlait même pas, on filmait juste les chiens", explique Pierre Rigaux.

Plus tard dans la journée, vers 16 heures, les membres de Nos Viventia et d'AVA France ont vu leurs deux voitures "encerclées alors qu'[ils] tentai[ent] juste de partir sur un chemin public". Si les véhicules ont subi quelques dégâts, les militants font aussi état de "menaces de mort" et de "menaces de viol". Contacté, l'équipage de chasse à courre, ainsi que la société de Vénerie nient toute agression, mais dénoncent des "provocations physiques et morales". De son côté, l'association Nos Viventia annonce déposer plainte.

"Je filmais juste les chiens et les chasseurs m'ont agressé"

"Nous avons été agressés à peine quelques minutes après notre arrivée", dénonce Pierre Rigaux. Accompagné de cinq membres d'AVA France et de Nos Viventia qui "enquête dans toute la France pour dévoiler des pratiques méconnues souvent liées à la chasse", le naturaliste était venu en forêt d'Orléans afin d'y filmer une chasse à courre. Les militants ont décidé de suivre le rallye Vouzeron, un équipage déjà au cœur de la polémique pour des altercations avec des militants anti-chasse de l'association AVA, dénonçant le comportement des chasseurs sur un domaine accueillant du public, il y a quelques semaines.

"La chasse n'avait pas commencé, on ne leur avait même pas adressé la parole, je filmais juste les chiens et les chasseurs m'ont agressé", explique le naturaliste. Une scène filmée par d'autre membre de l'association Nos Viventia et postée sur les réseaux sociaux de Pierre Rigaux. On y voit des hommes ceinturer le militant criant "Lâchez moi !" avant que la personne filmant la scène ne soit à son tour bousculée pour empêcher de filmer. Les militants précisent qu'ils étaient sur un domaine public et qu'ils étaient "totalement dans leur droit". Ils font également état d'insultes et de menaces répétées.

S'il s'est fait agressé, je suis impatient de voir le certificat médical

Un responsable du rally Vouzeron souhaitant conserver l'anonymat

"Il ne s'est absolument rien passé, répond un responsable du rallye Vouzeron. Ils l'ont juste un peu tenu. On dirait un joueur de football qui simule. S'il s'est fait agresser, je suis impatient de voir le certificat médical !" Souhaitant rester anonyme, le responsable explique que Pierre Rigaux a tenté "d'empêcher la chasse en bloquant la descente des chiens du camion" avant de justifier la scène par le fait que "les veneurs ne voulaient pas être filmés" invoquant le droit à l'image. "Ils se sont mis devant lui et il a levé ses bras pour continuer à filmer les chiens derrière", précise-t-il en rappelant que la chasse était totalement légale.

"Les militants anti-chasse ont le droit d'être anti-chasse, mais ce sont des gens qui provoquent en espérant qu'il y ait une réaction violente des chasseurs. Leur but est de perturber la chasse", réagit Chantal Langlais, déléguée régionale Centre-Val de Loire de la société de Vénerie. "Ça fini par énerver les chasseurs", confirme le responsable du rallye Vouzeron interrogé qui précise que lui n'a pas "vu d'agression".

Des "menaces de mort" et "menaces de viol", selon Pierre Rigaux

Suite à cette scène, les militants de Nos Viventia sont partis. Ils sont allés suivre un autre équipage de chasse à courre. Mais, aux alentours de 16 heures, alors qu'ils "tentai[ent] de repartir en voiture" leurs deux véhicules se sont retrouvés encerclés par le même équipage avec lequel s'est produit l'altercation du matin. "Nous étions six dans deux voitures sur une piste forestière ouverte au public, nous voulions juste rentrer chez nous, raconte Pierre Rigaux. C'est là que les chasseurs de tout âge ont encerclé la voiture, ont arraché des plaques d'immatriculation, lancé des projectiles, de la boue, tordu les essuie-glaces et rayé la carrosserie. Tout cela en nous insultant, nous menaçant de mort et menaçant de viol les femmes présentes."

"Nous avons appelé les gendarmes, mais ils ont mis plus de 30 minutes à arriver", détaille le naturaliste. Ce dernier explique avoir eu peur : "Ils essayaient de pénétrer dans la voiture !" Les membres de l'association Nos Vilentia, se disent traumatisés par l'événement. "Il y a un chasseur qui regarde une de nos militantes en disant "Toi, je sais où tu habites, j'ai ton adresse, je vais venir chez toi" ou à une autre "Toi, si je te croise je te…" [il s'arrête]. Il l'a menacée de viol. Ce n'est pas possible", alerte Pierre Rigaux qui souligne n'avoir jamais connu "une telle agression".

Les gendarmes sont ensuite intervenus et les chasseurs sont allés plus loin faire la curée, pour célébrer leur prise. "Il y a un sentiment d'injustice, car ils ont pris toutes nos identités et ils n'ont contrôlé qu'un seul chasseur", dénonce à nouveau le militant anti-chasse Pierre Rigaux.

"Moi, j'ai juste vu des gamins leur lancer des boules de neige", minimise le responsable du rallye Vouzeron qui assure à nouveau que les membres de Nos Viventia et d'AVA France sont venus "provoquer". À propos des menaces de mort et de viol, il assure "ne pas avoir entendu". "Je n'étais pas là, j'étais occupé à autre chose avec les chiens, assure-t-il. J'ai juste vu des gamins s'amuser. Après, est-ce qu'un mec moins fin que les autres a dit des choses ? Peut-être et ce serait totalement inacceptable, mais je n'ai pas entendu."

Des confrontations de plus en plus tendues

Depuis quelques semaines, le contexte entre chasseurs et militants anti-chasse se tend de plus en plus. "On vient là pour montrer la face cachée de la chasse à courre, ça ne leur plaît pas, donc ils veulent nous intimider parce qu'ils ne veulent pas qu'on revienne, déplore Pierre Rigaux. Je pense qu'une de nos membres va arrêter après ça. Nous sommes choqués."

De leur côté, le rallye Vouzeron par son responsable, et Chantal Langlais, la déléguée régionale de la société de Vénerie, expliquent un ras-le-bol des chasseurs envers "des gens avec qui le dialogue n'est pas possible" et "viennent pour diffuser des fake news". "Certains ont peut-être du mal à tenir leurs nerfs", avoue Chantal Langlais.

Par communiqué, la société de Vénerie indique qu'elle "désapprouve toute brutalité à l'encontre de ses opposants" mais "dénonce également avec force les physiques et morales sur le terrain". Les associations Nos Viventia et AVA France, quant à elles, annonce porter plainte pour agressions physiques, menaces de mort, menaces de viol et vandalisme.

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