Chassé par deux équipages de chasse à courre, un cerf s'est réfugié dans la base de loisirs de l'étang des Bois à Vieilles-Maisons-sur-Joudry, dans le Loiret. Présents sur place, les militants d'AVA France dénoncent le comportement des chasseurs qui n'auraient pas respecté la loi, selon eux. Malgré les intimidations, ils ont porté plainte.
Une scène peu commune. Le 26 octobre dernier, les bénévoles du collectif AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd'hui) France ont filmé une chasse à courre qui s'est terminée sur la base de loisir de l'étang des Bois à Vieilles-Maisons-sur-Joudry, dans le Loiret. Alors que le cerf tentait d'échapper à deux meutes, celui-ci s'est réfugié dans l'étang et a malgré tout continué d'être traqué au milieu des promeneurs. AVA France dénonce ces agissements qui ne respectent pas, selon le collectif, la loi. Les bénévoles ont également reçu plusieurs menaces et intimidations. Ils annoncent avoir porté plainte le 28 octobre.
Une chasse "entre bungalows et pédalos"
Depuis 2016, AVA France forme des groupes d'habitants "excédés par les nombreux incidents et altercations qui opposent depuis toujours les équipages de chasse à courre à la population" afin de surveiller et documenter la pratique. Selon Stan Broniszewski, porte-parole et fondateur d'AVA France, les débordements ne sont pas rares. "Nous suivons pas mal d'équipages partout en France et, tous les ans, nous sommes capables de documenter une dizaine d'évènements de la sorte", assure-t-il.
Samedi 26 octobre 2024, quatre bénévoles suivaient le Rallye de la Brie et le Rallye Vouzeron engagé, avec une soixantaine de chiens, dans la chasse d'un cerf en forêt d'Orléans. "Au bout d'un moment, le cerf, traqué, s'est réfugié dans la base de loisirs. Il est allé dans l'étang. Les suiveurs ont crié "Hallali", afin d'annoncer que le cerf était condamné. Et là, les cavaliers ont envahi la base de loisir", raconte Stan Broniszewski. Une scène "surréaliste" entre "bungalows et pédalos". Le cerf est ressorti de l'eau et a fini par être mis à mort non loin.
CHASSE À COURRE: Traqué sur la base de loisirs!🚣🦌
— AVA France (@AVA__France) November 1, 2024
Le Marquis d'Harcourt & le Rallye la Brie violent la loi de 2019 leur interdisant de chasser "à proximité d'établissements accueillant du public"
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Une mise à mort au mépris de la loi ?
Pourtant, comme le souligne AVA France, depuis un arrêté ministériel de 2019 "relatif à l'exercice de la vénerie et visant à limiter les incidents en fin de chasse à proximité des lieux habités", dans ces conditions, la chasse à courre doit cesser. "Lorsque l'animal est aux abois ou au ferme (sur ses fins, pris, forcé ou hallali courant) et qu'il se trouve à proximité d'habitations, de jardins privés y attenant, de zones commerciales ou artisanales et de bureaux et d'établissements accueillant du public, il est gracié", précise l'arrêté.
Un texte trop peu respecté, selon Stan Broniszewski, le porte-parole d'AVA France. "Cette loi ne sert à rien, abonde-t-il. Il y a quelques semaines, un cerf s'est réfugié dans un centre équestre et a tout de même été tué. Le centre équestre n'a pas porté plainte donc il n'y a pas eu de suites." Cette fois-ci, les membres du collectif ont porté plainte. Mais sans assurance que cela n'aboutisse, déplore Stan Broniszewski. Il en veut pour preuve l'évènement de la gare de Chantilly, dans l'Oise, où des chasseurs avaient poursuivi un cerf jusque sur les rails. "Ils ont été condamnés à 10 000 euros d'amende, mais ils ont fait appel. Ils sont souvent acquittés, car la loi est trop floue", assure-t-il.
Au cours de leur opération de surveillance et de documentation de la scène, les bénévoles d'AVA France ont dû faire face à de nombreuses intimidations. D'après des vidéos que France 3 a pu consulter, ils ont reçu des insultes, des menaces et des coups ont été portés à leur téléphone ainsi qu'à leur véhicule. Plus encore, au moment de s'en aller suite à la mise à mort du cerf, ils ont trouvé leur véhicule avec quatre pneus crevés "au couteau par un valet de l'équipage", expliquent-ils suite au témoignage de riverains.
"Le dialogue est impossible, avoue Stan Broniszewski. Nous tentons de faire cesser leur pratique alors forcément, nous ne sommes pas bien reçus. Mais on essaie de maintenir le moins de rapport conflictuel possible." Le porte-parole pointe aussi le rôle des autorités, pas toujours très réactives dans ce type de situations. Contactés par mail, les deux équipages concernés n'ont, pour l'heure, pas répondu à nos sollicitations.