Trois syndicats de Météo France ont appelé à une grève depuis ce lundi 4 décembre contre la mise en place des prévisions automatisées. Ce mouvement social peut-il avoir des conséquences sur les différents services de Météo France jusqu'en janvier 2024 ? Réponse.
Trois syndicats (CGT, Solidaires et FO) sur les quatre que compte l’agence publique, ont déposé un préavis de "grève de longue durée", allant de ce lundi 4 décembre au 7 janvier 2024. En cause : la réduction des effectifs et le renforcement des prévisions automatisées à travers la nouvelle organisation de Météo France, baptisée "3P" pour "Programme Prévision Production".
"À cause de la réduction des effectifs, nous sommes passés à un processus automatisé pour générer les prévisions. Mais les prévisionnistes ne sont plus assez nombreux pour superviser ces prévisions et pour apporter leur expertise. Ça a pour conséquence des 'bugs' et des défauts dans les prévisions en ligne", explique François Giroux, représentant du personnel pour la CGT-Météo.
Actualité @meteofrance : suite à la récente mise en oeuvre de prévisions totalement automatisées (sauf vigilance), le malaise est profond chez tous les prévisionnistes qui s'inquiètent de la qualité et de la cohérence des infos produites. Grève de longue durée annoncée ⬇️ pic.twitter.com/Q6opB4BIEn
— FO Météo (@MeteoFo) November 28, 2023
"En 15 ans, Météo France a perdu un tiers de ses effectifs. Nous étions 3800 en 2008 et nous sommes désormais 2600. Il y a une accélération de la réduction des effectifs en 2017, avec notamment des départs à la retraite qui n'ont pas été remplacés, le tout à l'heure du réchauffement climatique et de l'avancée des outils d'intelligence artificielle", poursuit l'élu syndical.
Quelles conséquences dans les prévisions ?
Malgré cette grève, certains services de Météo France devraient être assurés. Et encore plus, en cas de situation critique : "les productions institutionnelles de sécurité seront assurées dans tous les cas où la situation météorologique le nécessitera. Météo France met en place une organisation spécifique en cas de grève pour assurer ses missions de sauvegarde des personnes et des biens", indique le service presse de l'agence publique.
"À cet effet, un certain nombre de postes font l'objet d'assignation permettant ainsi de produire les bulletins de sécurité (vigilance, aéronautique, bulletins spéciaux de la marine...). Les nivologues sont également assignés pour la production des BRA (bulletins d'estimation du risque d'avalanche, ndlr) dès lors que le niveau risque avalanche et son évolution probable le justifient", poursuit-on du côté de Météo France.
Les bulletins d'estimation du risque avalanche pourraient ainsi ne pas être mis à jour quotidiennement : "Il peut y avoir des BRA non produits, mais uniquement quand le risque est modéré et égal ou plus faible que la veille", ajoute le service presse.
François Giroux, représentant du personnel pour la CGT-Météo, explique que ce mouvement social est avant tout "symbolique" pour permettre "aux collègues qui sont dans le dur de se mettre en retrait". En effet, les syndicats alertent aussi sur des conditions de travail dégradées.
Mais en ce qui concerne les BRA, ils pourraient être régulièrement mis à jour. "Tous les bulletins, comme les BRA ou les vigilances, qui sont effectués à partir d'une expertise humaine, ne sont pas concernés par cette réorganisation. Ils resteront expertisés par des spécialistes comme les nivologues. Il faut donc rassurer : ces bulletins continueront d'être donnés lors de cette grève", indique François Giroux.